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DIBN KHALDOUN. 427

sur le principe que rimam devait suivre en toute chose l'exemple des deux cheikhs (Abou Bekr et Omar) , sans avoir recours à son propre jugement. Les principaux Compagnons assistèrent d'abord à la no- mination d'Othman, puis à son inauguration, sans rien improuver de ce qui se passait. Cela démontre qu'ils s'accordaient à regarder cette nomination comme valide et conforme à la loi. Or on sait que l'ac- cord (des Compagnons) est un argument irréfragable.

Aucun soupçon ne doit atteindre l'imam qui lègue l'autorité à son père ou à son fds. Comme il avait mérité toute confiance de son vi- vant, pendant qu'il veillait aux intérêts de la comumnauté, il ne doit pas supporter le poids de la médisance après sa mort. Cette maxime suffit pour réfuter l'opinion de ceux qui disent : Si un imam désigne pour lui succéder son fils ou son père, il est justement suspect. On peut opposer la même maxime à ceux qui déclarent que l'imam est juste- ment suspect s'il lègue l'autorité à son fils; mais il ne l'est pas s'il la lègue à son père. Dans tous ces cas, l'imam est au-dessus du soupçon, P. 379. s'il a eu pour motif le désir de rendre service au peuple ou de pré- venir la corruption des mœurs. Cela étant ainsi, tous les soupçons défavorables à fimam doivent être repoussés d'une manière absolue. Moaouïa désigna son lils Yezîd pour lui succéder; sa conduite dans cette circonstance est justifiée , car il agissait avec le consentement du peuple, et il donnait la préférence à Yezîd dans l'intérêt de l'Etat. Pour y maintenir l'ordre, il fallait conserver le bon accord qui régnait dans les esprits et l'union qui subsistait entre les grands dignitaires de l'empire. Or ceux-ci étaient tous des Oméiades et ne voulaient pas d'autre imam que Yezîd. 11 était d'une famille à laquelle ap- partenaient les chefs les plus éminents, famille qui, par son esprit de corps, menait le reste de la tribu de Coreïch et tout le peuple musulman. Pour ces motifs, il choisit Yezîd, bien qu'il en eût sous les yeux d'autres qui paraissaient plus dignes du pouvoir; il se détourna du préfiérable pour prendre le préféré^, afin de ne pas jeter le trouble

' Voyez ci-devant, page 4o3.

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