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D'IBN KHALDOUN. 429

chie, terme où sa marche doit toujours aboutir; l'influence répressive de la religion s'était aflaiblie, et l'on avait besoin d'un souverain et d'un fort parti pour contenir le peuple. Si Moaouïa avait laissé l'au- torité à un individu que ce parti ne favorisait pas, on aurait annulé la nomination au risque de jeter le désordre partout et de briser l'unité de la nation. On adressa cette question à Ali : « Pourquoi les musulmans ont-ils résisté à votre autorité . Us ont cependant obéi à Abou Bekr et à Omar. » Il répondit : « Abou Bekr et Omar com- mandaient à des hommes tels que moi; mais aujourd'hui je com- mande à des hommes tels que vous. » Par ces paroles il donnait à entendre que la religion avait perdu son influence modératrice.

Voyez ce qui arriva quand El-Mamoun désigna, comme son suc- cesseur, Ali, fils de Mouça, fils de Djafer es-Sadec, et lui donna le titre d\Er-Rida « l'agréé. » Tout le parti abbacide se prononça contre la nomination et reconnut pour souverain Ibrabîm Ibn el-Mehdi, oncle du khalife. Pendant les troubles et la révolte qui s'ensuivirent, les P. 38i routes furent coupées (par des brigands), et des insurrections écla- tèrent de tous les côtés. Pour empêcher l'empire de succomber, El- Mamoun dut quitter le Khoraçan en toute hâte et se rendre i Bagh- dad afin de remettre les choses dans le même état qu'auparavant. Voilà à quoi il faut réfléchir quand on a l'intention de désigner son successeur; les générations changent de caractère selon les chan- gements qui ont lieu dans les tribus et dans les partis politiques, et cela influe sur le choix des moyens qu'on doit employer pour main- tenir la prospérité de la nation. Pour chaque fin il y a un moyen , grâce à la bonté de Dieu envers ses serviteurs Si l'imam désigne son successeur avec l'intention de rendre le pouvoir héréditaire dans sa famille, il agit par un motif qui ne concerne pas la religion; au reste, l'autorité vient de Dieu et il l'accorde à qui il veut. En ce cas, nous devons juger la conduite du khalife aussi favorablement que possible, afin de ne pas compromettre la dignité d'une institution religieuse. uif i'iJiî'

Ici se présentent plusieurs questions que nous sommes obligé

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