Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/563

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

D'IBN KHALDOUlN. 439

qui s'y rattache. Venus à résipiscence, ils se conduisirent en gens de bien. Au reste Dieu connaît leurs actes et leurs sentiments; quant à nous, nous n'en devons penser que du bien, parce que les circons- tances de leur vie et les renseignements les plus authentiques témoi- gnent fortement en leur faveur ^

Passons à El-Hoceïn. Lorsque l'immoralité de Yezîd fut devenue évidente pour tous ses contemporains, les partisans de la famille du Prophète invitèrent El-Hoceïn à venir les trouver à Koufa, lui pro- mettant de l'aider à soutenir ses droits. El-Hoceïn pensa que l'immo- ralité de Yezîd imposait aux musulmans le devoir de s'insurger contre lui , surtout s'ils se sentaient assez forts pour soutenir la lutte. Il P. 390. croyait que ses droits el les forces dont il disposait lui sulTiraient pour réussir. Quant à ses droits, il en avait plus qu'il n'en fallait; mais, quant à ses forces, il se trompa. Que Dieu lui fasse misé- ricorde 1 L'esprit de corps qui animait toute la race de Moder exis- tait surtout dans la grande famille coreïchide d'Abd Menaf et se trou- vait concentré dans la branche des Oméiades. Tous les Coreïchides reconnaissaient leur autorité, et les autres tribus n'étaient pas dis- posées à leur résister. Au commencement de fislamisme, on oublia l'influence de cet esprit, tant on était frappé des merveilles qui se

' Dans ce paragraphe et dans celui qui leur avaient transmises. Or la plupart des

suit, l'auteur essaye, par de très-mau- maximes du droit musulman ont pour

vaises raisons, de disculper les assassins base le texte du Coran et les renseigne-

d'Othman et ceux d'entre les Compagnons ments fournis par les traditions. En reje-

qui avaient refusé leur concours à Ali, tant les traditions provenant des Compa-

leur khalife légitime, et à son fils El-Ho- gnons ennemis de la famille du Prophète,

ceïn. Dans cette tentative, il n'a fait que ils auraient été forcés de supprimer un

suivre l'exemple des docteurs musulmans très-grand nombre des articles dont se

des quatre rites orthodoxes, qui se virent compose le code de l'islamisme orthodoxe,

obligés de justifier, par tous les moyens. Les docteurs chîïtes ne se laissèrent pas

la conduite scandaleuse des Compagnons arrêter par cette considération : ils repous-

pendanl ces guerres civiles. En effet, s'ils sèrent toutes les traditions fournies par

avaient refusé de les reconnaître pour ces Compagnons, et les remplacèient par

bons musulmans el hommes de bien, ils d'autres qu'ils avaient reçues, soit des

se seraient vus dans la nécessité de reje- Compagnons partisans d'Ali, soit de l'un

ter les traditions qiip ces personnages ou de l'autre des douze imams.

�� �