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448 PROLEGOMENES

pour l'avantage des musulmans en ce qui regarde les préceptes et la pratique de la religion; aussi doit-il montrer une grande vigilance afin d'empêcher que des hommes sans mérite n'entreprennent d'ex- poser la loi et de tromper ainsi le peuple. Les professeurs désignés pour répandre par l'enseignement les lumières de la science doivent tenir leurs séances dans une mosquée. Si c'est une des grandes mos- quées dont l'imam et l'administration sont placés sous la surveillance P. 397. du sultan, le professeur ne peut y enseigner sans l'autorisation du prince. S'il veut faire son cours dans une mosquée ordinaire , il n'a pas besoin de permission. Au reste, tout mufti, tout professeur doit avoir en lui-même son propre moniteur qui l'empêche d'entre- prendre ce qui est au-dessus de ses forces; autrement il pourrait éga- rer ceux qui le prennent pour guide, et se fourvoyer lui-même. Il y a une tradition qui dit : « Celui d'entre vous qui est le plus hardi ^ à donner des fetoua (opinions juridiques) est aussi le plus hardi à courir vers le fond ^ de l'enfer. » Aussi le sultan doit-il les surveiller avec attention et ne jamais perdre de vue les intérêts de la commu- nauté, soit qu'il les autorise (à prononcer sur des questions de droit), soit qu'il les en empêche.

L'office de cadi. Cette charge dépend aussi du khalifat, puisque ses fonctions consistent à décider entre les individus qui sont en contes- tation, et à faire cesser leurs débats et réclamations, mais seulement par l'application des articles de la loi qui sont fournis par le Coran et la Sonna. Elle rentre, pour cette raison, dans les attributions du khalifat. Aux premiers temps de l'islamisme , les khalifes remplissaient cette tâche et ne la déléguaient jamais à qui que ce fût. Le premier qui confia ces fonctions à un autre fut Omar; à Médine, il prit pour collègue Abou Derda ' ; il désigna Choreïh * pour être cadi à Basra

' Il faut lire ^.£= ^y^\- Le mot |y>t est par l'austérilé de ses mœurs et sa connais- la forme superlative de (jy^- sance de la loi. Nommé cadi de Damas

^ Littéral . « les racines. » par le khalife Otliman , il mourut dans

Aoueimer Ibn Zeïd, surnommé Abou celte ville, l'an 3i de l'hégire (65 1-652

'd-Derda, natif de Médine , fut un des Com- de J. C). pagnons de Mohammed. Il se distingua * Voyez ci-devant, page 267.

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