Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/60

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��PROLÉGOMÈNES

��Ces lettres impériales me furent remises par un vizir chargé de voir les chefs des Douaouïda ' et de gagner leur appui. Je le secon- dai de tout mon pouvoir, et avec tant de succès , qu'ils consentirent à soutenir le sultan et à se mettre sous ses ordres. Dès lors les prin- cipaux personnages de ces tribus quittèrent le parti d'Abou '1-Abbas pour entrer au service d'Abou Hammou.

Mon frère Yahya, qui avait effectué son évasion deBône, vint alors à Biskera me rejoindre, et je l'envoyai auprès d'Abou Hammou comme mon lieutenant, ne voulant pas affronter moi-même les périls de cet office. D'ailleurs j'étais revenu des séductions du pouvoir, et, comme j'avais négligé depuis longtemps la culture des sciences, je désirais m'abstenir de la politique pour m'appliquer à l'étude et à l'ensei- gnement ^.

Pendant que le sultan Abou Hammou faisait les préparatifs de l'expédition contre Bougie, et qu'il essayait, par mon entremise, de s'attacher les tribus arabes de Rîah, il fit une alliance avec le sultan de Tunis, Abou Ishac, fils d'Abou Bekr, le Hafside. Ce prince était d'au- tant plus disposé à écouter la proposition du souverain de Tlemcen, qu'il détestait Abou 'i-Abbas, le seigneur de Bougie et de Constantine. En effet, rien de plus naturel : Abou '1-Abbas était non-seulement son neveu, mais son rival, et avait pris possession d'une partie du royaume. A tout moment les envoyés d'Abou Hammou traversaient Biskera pendant que j'y étais, et la correspondance que j'entretenais avec les deux souverains contribua à cimenter leur union.

L'expédition contre Bougie ayant complètement manqué, Abou Zîan^, cousin (et rival) d'Abou Hammou, fit une incursion dans le

��' Les tribus rîahides.

  • Pendant son séjour à Biskera, Ibn

Rhaldoun reçut d'Ibn el-Khalib, vizir du roi de Grenade, trois lettres remplies de compliments et de protestations d'amitié. Elles sont écrites dans le style orné et ca- dencé que les Arabes appellent sedjd; et notre auteur avoue que, s'il n'adopta pas

��le même style dans sa réponse , c'était pour ne pas trahir son infériorité comme écri- vain. Il donne le texte de toutes ces lettres ; mais , comme elles ne renferment rien de bien important, il n'est pas nécessaire d'en insérer ici la traduction.

' Ce prince essaya pondant plusieurs an- nées de s'emparer du royaume deTlemcen.

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