Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

enfermé. D’un autre côté, AboTi Zîan, l’Abd el-Ouadite, se tenait dans le pays des Hoseïn. Comme le vizir dirigeait cette expédition avec peu d’énergie, le sultan le rappela à Tlemcen, et, l’ayant fait arrêter, l’envoya prisonnier à Fez. Ibn Ghazi étant alors parti avec une armée pour presser le siège, Hamza se trouva obligé de s’enfuir de la forteresse; mais en passant par Miliana avec quelques-uns de ses partisans, il fut reconnu et arrêté par ordre du gouverneur, qui les envoya tous au vizir. La nécessité de déployer une grande sévérité , afin d’effrayer les autres séditieux, obligea Ibn Ghazi à faire trancher la tête aux prisonniers et à les mettre en croix.

Ayant ensuite reçu du sultan l’ordre de marcher contre Abou Zîan et les Hoseïn, il rassembla autour de lui plusieurs tribus zoghbiennes, et s’avança jusqu’à la montagne de Tîteri qu’il serra de près, en prenant position du côté du nord, celui du Tell. Le sultan écrivit alors aux chefs des Douaouïda et à l’émir Ahmed Ibn Mozni , ordonnant aux premiers de bloquer la montagne du côté du midi , et au seigneur de Biskera de leur fournir des secours en argent.

En conséquence d’une dépêche qu’il m’adressa, je passai chez ces nomades, et, les ayant rassemblés, je me mis en marche avec eux, vers le commencement de l’an 774 (juillet 1372). Arrivé à EI-Guetfa, je me rendis de là, avec quelques-uns de leurs chefs, auprès du vizir, qui pressait le siège de Tîteri. Il leur spécifia les devoirs qu’ils avaient à remplir, et fixa avec eux le prix de leurs services ; puis il les renvoya à Guetfa avec moi. Le siège fut poussé avec tant de vigueur que les Hoseïn durent se réfugier sur le sommet de la montagne avec leurs effets et leurs troupeaux. Bientôt ils virent périr tous leurs chameaux, chevaux et troupeaux, et se trouvèrent dans l’impossibilité de résister à un ennemi qui les serrait de tous les côtés. Une partie d’entre eux ayant fait prévenir secrètement le vizir qu’elle désirait se rendre , le reste de la tribu soupçonna quelque trahison, et tous, cédant à la méfiance et au découragement, quittèrent leurs retranchements pendant la nuit et se jetèrent dans le désert avec Abou Zîan. Le vizir prit alors possession de la montagne et s’empara des