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D'IBN KHALDOUN. 117

la frontière de l'empire a déjà commencé à se rétrécir, et que la pro- vince où les réfugiés se tiennent a été abandonnée à elle-même, le prince qui s'y est retiré prend le commandement et voit graduelle- ment augmenter sa puissance, jusqu'à ce qu'il se trouve maître de presque la moitié de l'empire , dont l'étendue s'est ainsi diminuée.

Voyez, par exemple, l'empire musulman fondé par les Arabes : P. 104. tant qu'il fut puissant et uni, tant qu'il s'étendit au loin et que les (Coreïchides) descendants d'Abd-Menaf imposèrent leur autorité à toutes les autres tribus issues de Moder, jamais on n'y vit la moindre tentative de révolte \ excepté les révoltes des Kharedjites, qui, du reste, avaient affronté la mort, non pas pour fonder un royaume ou pour s'emparer du commandement, mais pour faire triompher leurs opinions hétérodoxes. Ils n'y réussirent pas, ayant été accablés par un parti plus fort que le leur.

Quand les Abbacides enlevèrent l'autorité aux Oméiades et que l'empire, conservant encore son caractère arabe, eut été jusqu'au bout dans la carrière de la conquête et de la prospérité , il commença à ne plus faire sentir sa puissance dans les pays lointains. Abd er-Rahman ed-Dakhel^ s'enfuit alors en Espagne, province la plus éloignée de l'empire musulman, enleva ce pays à la domination des Abbacides et y fonda la sienne. De cette manière l'empire fut partagé en deux. En- suite Idrîs se réfugia dans le Maghreb et s'y mit en révolte. Soutenu, ainsi que son fils après lui, par les Aoureba, les Maghîla et les Ze- nata, tribus berbères, il se rendit maître des deux Maghrebs^. Plus tard, l'intégrité de l'empire subit une nouvelle atteinte : l'autorité des Aghlebides ayant été ébranlée par des révoltes, le parti chîïte, soutenu par les Ketama et les Sanhadja , se rendit maître de l'Ifrîkiya et du Maghreb. Il conquit ensuite l'Egypte, la Syrie et le Hidjaz, soumit les Idrîcides et démembra encore le royaume des Abbacides.

' Littéral, «jamais on n'y sentait battre dateur de la dynastie oméiade d'Espagne. le pouls de la révolte. » ' Les deux Maghrebs se composaient

' Ed-Dakhel « le nouveau venu , le nou- des pays qui forment l'Algérie occidentale

veau débarqué, » sobriquet donné au fon- et le Maroc.

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