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D'IBN KHALDOUN. 119

montagne de Tîteri'. De cette manière il fonda un empire qui rivalisa avec celui des Badicldes, lesquels avaient conservé la ville de Cairouan et les provinces qui en dépendent. Ces deux Etats continuèrent à rester séparésjusqu'à ce qu'ils succombassent ensemble. Les mêmes faits se reproduisirent dans l'empire almohade : quand l'autorité en fut affai- blie, les Hafsides se révoltèrent en Ifrîkiya, et fondèrent un empire qu'ils transmirent à leur postérité; mais, à l'époque où leur puissance avait atteint sa dernière limite, un prince de la même famille, l'émir Abou Zekeriya Yahya, fils du sultan Abou Ishac Ibrahim, quatrième p. io6. khalife de cette dynastie, se révolta dans les provinces occidentales, celles de Bougie et de Constantine, où il fonda un Etat qu'il laissa à ses fils. De cette manière, l'empire des Hafsides fut scindé en deux parties. Plus tard , la famille d'Abou Zekeriya s'empara de Tunis, la mé- tropole des Etats hafsides ; ensuite l'empire se partagea encore entre les princes de cette famille. Quelque temps après il s'y forma plusieurs Etats indépendants, dont les souverains, autrefois serviteurs de l'empire hafside^, n'appartenaient pas à la famille royale. L'appari- tion des rois provinciaux de l'Espagne est encore un fait de la même nature, ainsi que celle des princes persans en Orient. Les mêmes changements eurent lieu dans l'empire des Sanhadja (Zîrides), établis en Ifrîkiya : dans les derniers temps de cette dynastie, chaque place forte de l'Ifrikiya était entre les mains d'un chef qui y avait proclamé son indépendance, comme nous le dirons ailleurs^. Un peu avant notre temps, le Djerid et le Zab s'étaient détachés de l'empire (hafside), ainsi que le lecteur le verra plus loin *. Il en est de même de tous les empires quand le luxe, la paresse et l'extinction de l'esprit de con- quête les font tomber dans la décrépitude : les princes de la famille royale et les grands officiers de l'Etat s'en partagent les provinces pour en faire des principautés indépendantes. Dieu est l'héritier de la terre et de tout ce qui est sar elle.

' Voy. la première partie, p. 127, noie. ' Hist. des Berbers, t. II, p. 29 et suiv.

' Voy. Histoire des Berbers, t. III , p. 1 5. ' Ibid. t. III , p. 1 24 et suiv.

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