Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/149

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DIBN KHALDOUN.

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��Dans d'autres sociétés, le magistrat agit d'après un système d'admi- nistration [siaça) basé sur la raison, et auquel les hommes se sou- mettent dans l'espoir d'obtenir une récompense de ce magistrat, quand il connaîtra leur bonne conduite. Le premier système est utile aux hommes dans ce monde et dans l'autre, parce que le législateur savait d'avance tout ce qu'il pourrait y avoir (pour eux) de résultats avanta- geux , et qu'il voulait assurer leur salut dans l'autre vie. Le second sys- tème ne leur procure des avantages que dans ce monde.

La sîaça (ou régime ) civique \ dont le lecteur a sans doute entendu parler, n'a rien de commun avec le régime que je viens de mentionner; car, selon les philosophes, tous les individus appartenant à cette so- ciété idéale doivent s'y conformer, non-seulement dans leur conduite, mais dans leur caractère, afin qu'ils puissent se passer tout à fait de magistrats. Une société d'hommes qui remplissent ces conditions s'ap- pelle la cité parfaite, et le régime qui s'y observe porte le nom de siaça civique. On voit que, chez les philosophes, le terme sîaça n'in- dique pas le genre de régime que les hommes réunis en société adop- tent sous l'influence de certaines lois faites dans l'intérêt général ;- l'xm est bien différent de l'autre. Selon les mêmes philosophes, la

��Aily> Aj »L». (_5oJl «-vie c_>la»JU, et je lis AiUri au nominatif.

' Selon les philosophes , les gouverne- ments des diverses espèces peuvent se ranger dans deux catégories : la première est ce qu'ils appellent iiA^iUjl iiÀJ(>AI, la cité parfaite, l'étal parfait; ils désignaient la seconde par le terme wv-c *_»_jt>_t[

  • i.i>UJf, lacité imparfaite. Dans l'état par-

fait , toutes les relations des citoyens seront fondées sur l'amour, et il n'y aura jamais de différends entre eux; donc ils n'auront pas besoin de souverain; ils s'y nourriront de la manière la plus convenable , aussi la médecine leur sera inutile; chaque in- dividu aura la plus grande perfection dont

��l'homme est susceptible. Dans cette ré- publique modèle, tous penseront de la manière la plus juste ; personne n'ignorera les coutumes et les lois ; il n'y aura ni faute, ni plaisanterie, ni ruse. La cité im- parfaite est celle où l'ignorance, le vice ou l'erreur prédominent. On la désigne aussi par les termes «J^L^l ii_v-)jw_t[ «la ville ignorante,» iiL.LiJ[ *ÀJi\iI «la ville cor- rompue, » *_JL«à_JI iUjtxti .1 la ville éga- rée.» {Nefaïs el-Fonowi, d'El-Ameli, cité par M. de Hammer dans son Encyclopœ- disehe Uebersicht, p. 56i. — Régime (la solitaire, analysé par M. Munk dans ses Mélanges de philosophie juive et arabe, p. 389.)

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