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274 PROLÉGOMÈNES

de cette députation l'engagement de suivre son conseil, il se tourna vers le peuple et dit : « Que personne n'élève sa maison au delà de la juste mesure. » On lui demanda ce qu'il entendait par les mois juste mesure, et il répondit : « C'est la limite qui vous empêche de tomber dans la prodigalité et de sortir du juste milieu. »

Quand fut passée la période pendant laquelle on montrait tant de respect pour la religion et que l'on se tenait strictement à l'obser- vance de ses devoirs, la possession de l'empire et le luxe commen- cèrent à exercer leur influence naturelle sur les Arabes. Ce peuple, p. aSa. ayant subjugué les Perses, apprit d'eux les arts et l'architecture; cédant alors aux impulsions du luxe et du bien-être , les Arabes finirent par construire des édifices et de grands bâtiments. Cela eut lieu peu de temps avant la chute de l'empire (des khalifes). Ils ne por- tèrent cependant pas la passion de bâtir à l'extrême, ayant construit ■ peu d'édifices et fondé peu de villes.

Le cas fut bien différent chez les autres nations. Celle des Perses avait subsisté plusieurs milliers d'années, ainsi que celles des Coptes , des Nabatéens, des Roum' et des Arabes de la première race, tels queles Adites, lesThémoudites, les Amaléciteset les Tobba. Comme tous ces empires s'étaient maintenus très-longtemps, les arts y prirent un tel développement que ces peuples élevèrent un très-grand nombre d'édifices et de temples, et laissèrent des monuments qui résistent encore à l'action du temps. Le lecteur qui aura bien pesé ces obser- vations en reconnaîtra la justesse. Dieu est l'héritier de la terre et de tout ce quelle porte.

La plupart des édifices bâtis par les Arabes tombent proinptement en ruine.

Les constructions élevées par les Arabes sont loin d'être solides, ce qui tient à la civilisation nomade de ce peuple et à son éloigne- ment pour les arts. On peut même y assigner une autre cause qui, si je ne me trompe pas, est plus directe, savoir, leur peu d'attention

L'empire romain el l'empire byzantin.

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