Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/284

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En somme, les emplacements que les Arabes choisissaient pour leurs villes n’étaient pas de ceux que la nature avait désignés pour être des lieux de demeure fixe; ils n’étaient pas même situés au milieu de populations nombreuses qui pourraient y envoyer de nouveaux habitants. Aussi , au premier échec que leur autorité éprouva , à l’instant où leur esprit de corps commençait à faiblir, leurs villes, privées de la protection qu’elles devaient à cet esprit, tombèrent en décadence et finirent par disparaître comme si elles n’avaient jamais existé. Per- sonne ne peut reviser les arrêts de Dieu. {Coran, sour. xiii , vers. 4 1 •)

Comment les villes tombent en ruine.

Les villes qui viennent d’être fondées ne renferment qu’une faible population; les matériaux de construction, tels que pierres et chaux, ne s’y trouvent qu’en petite quantité, et il en est de même pour les carreaux de terre cuite, les plaques de marbre, les mosaïques, les écailles et les coquillages dont on se sert pour orner les murs des édifices.

Dans la première époque, les bâtiments sont d’une construction grossière, telle qu’on doit f attendre d’un peuple nomade’, et les ma- tériaux dont ils se composent sont de mauvaise qualité. Quand la P. 234. ville devient prospère et populeuse, la quantité de matériaux à bâtir augmente par suite des grands travaux auxquels on se livre, et du parfait développement d’un grand nombre d’arts; (développement) dont nous avons déjà indiqué les causes. Quand la prospérité de la ville commence à décliner et sa population à diminuer, un grand ralentissement se manifeste dans l'exercice des arls; l'habitude de construire avec élégance et solidité se perd, ainsi que l’usage d’orner les murs des édifices. Les travaux diminuent en même temps que la population; les pierres, les marbres et les autres matériaux de construction n’arrivent plus à la ville qu’en petite quantité, et au bout de quelque temps ils manquent tout à fait.

’ Littéral. « d’une construction bédouine. »