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trumenls aratoires; que les autres se chargent de soigner les bœufs, de labourer la terre, de faire la récolte et d'exécuter les autres tra- vaux agricoles; que ces hommes se partagent la besogne ou qu'ils la fassent ensemble, ils se procureront une quantité de blé qui dépassera de plusieurs fois celle qui leur était absolument nécessaire. Dans ce cas, le produit du travail dépasse de beaucoup les besoins des travail- leurs. Il en est de même dans les villes : quand les habitants se par- tagent la besogne afin de se procurer les choses qui leur sont indis- pensables, ils en obtiennent une quantité dont une très-faible portion leur suffit. Le reste est du superflu et s'emploie pour satisfaire aux habitudes de luxe que ces travailleurs auront contractées, ou pour servir à l'approvisionnement d'autres villes dont les habitants font l'acquisition de ces choses par la voie de l'échange ou par celle de l'achat. De cette manière les travailleurs se procurent une certaine portion de richesses.

Dans le chapitre de la cinquième section, qui traite d'acquisitions et de bénéfices, on verra ^ que les bénéfices (du travail) sont la valeur du produit du travail^. Plus les produits sont abondants, plus leur va- leur (totale) est grande : donc ceux qui obtiennent beaucoup de pro- duits recueillent nécessairement de gros bénéfices. Dès lors le bien- être et la possession des richesses portent ces hommes à rechercher le luxe et à satisfaire aux besoins qu'il impose; ils s'appliquent à em- bellir leurs habitations, à s'habiller avec élégance, à rechercher de la riche vaisselle et les meilleurs ustensiles domestiques, à se procurer des esclaves et à acheter de belles montures. Mais toutes ces choses P. 236. sont les .produits de divers arts, produits qui n'auraient pas existé sans la valeur qu'on y attache^. Aussi recherche-t-on avec empresse- ment les artisans habiles. Il en résulte que les arts sont très-encou-

' Le texte porte nous avons montré. On vaux. » Dans ce chapitre et ailleurs , le mot

voit par là que l'auteur a écrit ce passage JL^f (travaux) sert à désigner les jiro-

après avoir composé le chapitre auquel il duits d'un travail quelconque, renvoie le lecteur, et qui se trouve ci- ' Littéral. « qui sont appelés (à l'exis-

après, p. 3ig. tence) par leur valeur, n Littéral. « sont les valeurs des tra-

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