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298 PROLÉGOMÈNES

et passa ensuite aux Sanhadja (Zîrides); mais elle fut tellement im- parfaite qu'elle subsista à peine quatre cents ans. Lors de la chute de l'empire sanhadjien, cette teinture de civilisation s'effaça, parce qu'elle était peu solide et que les Arabes hilaliens ', peuple nomade, s'étaient emparés du pays et y avaient répandu la dévastation. On peut toutefois y reconnaître encore quelques traces, à peine percep- tibles, de la civilisation sédentaire; elles existent dans les familles dont les aïeux avaient habité El-Calâ^, Cairouan^ et El-Mehdiya*. P. 25i. Cela se voit dans leurs usages domestiques et dans leurs habitudes; mais il y a un mélange de civilisation nomade qui n'échappe pas aux regards d'un habitant des villes. 11 en est encore ainsi dans la plupart des villes de l'ifrikiya; mais, dans celles du Maghreb, la civilisa- tion de la vie sédentaire existe à peine. En Ifrîkiya^, le gouvernement monarchique s'était maintenu pendant un temps considérable dans les mains des Aghlebides, des Chîïtes (Fatemides) et des Sanhadja (Zîrides). L'Espagne, sous la dynastie des Almohades, communiqua au Maghreb une portion considérable de sa civilisation , ce qui permit aux usages de la vie sédentaire de prendre racine dans ce dernier pays. Cela eut lieu, parce que la dynastie qui gouvernait le Maghreb avait conquis les provinces de l'Espagne, et que beaucoup de monde avait quitté ce pays pour passer dans le Maghreb, soit de ji|i-é, soit

��' Les Béni Hilal , Arabes nomades, en- valurent la Mauritanie vers le milieu du v' siècle de l'hégire. Ils se trouvèrent alors avec la tribu des Béni Soleïm , dans la haute Egypte, entre le Nil et la mer Rouge. Le khalife faleraide El-Azîz les y avait relégués pour les punir des ravages qu'ils avaient commis dans le Hidjaz, lors de la grande insurrection des Carmats. Quand El-Moïzz Ibn Badîs , vice-roi de l'Ifrîkiya, secoua le joug des Fatemides, le gouvernement égyptien se vengea de lui en autorisant ces tribus à passer le Nil et à porter la dévastation dans tontes les

��provinces de l'Afrique septentrionale. C'est d'eux que descendent tous les Arabes de ce pays qui vivent sous la tente. Les Arabes des villes descendent presque tou.s d'émi- grés chassés des provinces méridionales de l'Espagne.

El-Calà , la capitale des Etats gouver- nés par les Zîrides Hammadites, était si- tuée à unejournée N. E. d'El-Mecîla. (Voy. VHisl. desBerb. t. II, p. 43.)

' Siège (lu gouvernement des Aghle- bides.

' Capitale do l'empire des Fatemides.

' Pour AAflJ^t (j , lisez «^aJu^sLi.

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