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D'IBN KHALDOUN. 303

marchandises. On remarquera aussi que leur grande habitude de sa- tisfaire à leurs passions et de goûter des plaisirs que le luxe a intro- duits les a rendus familiers avec tous les genres de vice et avec l'im- moralité dans toutes ses formes. Ils affichent ouvertement l'impudeur, et, jetant de côté toute honte, ils tiennent des discours immodestes, sans être retenus parla présence de leurs parents et de leurs femmes'. 11 en est tout autrement dans la vie nomade, où le respect qu'on porte aux femmes empêche^ de prononcer devant elles des paroles obscènes. On reconnaîtra aussi que ce sont là les gens les plus habiles dans l'emploi des ruses et des tours d'adresse, afin de se sous- traire au bras de la justice ^, quand elle est sur le point de les at- teindre, et afin d'éviter le châtiment qu'ils savent être dû à leurs mé- faits. Cela est même devenu une habitude et une seconde nature pour eux tous, à l'exception de quelques-uns que Dieu a préservés du pé- ché. La ville regorge d'une population infime, d'une fouie d'hommes aux inclinations viles, qui ont pour rivaux en turpitude des jeunes gens appartenant à de grandes maisons, des fils de famille abandonnés à eux-mêmes, exclus par le gouvernement du nombre de ses serviteurs, et qui, malgré la noblesse de leur origine et la respectabilité de Ieur.s familles *, se sont laissé entraîner dans le vice par la fréquentation de la mauvaise compagnie. Cela se comprend quand on pense que le vice abaisse les hommes à un même niveau, et que, pour se dis- tinguer et se maintenir dans l'estime publique, on doit se faire re- marquer par son honorable caractère , travailler à croître en mé- lile et éviter tout ce qui est vil. Celui qui a contracté, n'importe de quelle manière, une forte teinture de dépravation et qui a perdu le sentiment de la vertu, a beau être membre d'une famille honorable et venir d'une noble race, cela ne lui sert de rien. Voilà pourquoi

' Lesmots j «L^^^Isonlde trop;ils ne ' Pour jR^aj , lisez Js^iu.

se trouvent ni dans les mss.C et D, ni dans ' Littéral. « de la force. »

l'édilion de Boulac. D'ailleurs ils sont * Le mot *jLsel est de trop. Il ne se lit

inutiles, parce que le mot («nL^I , qui les pas dans les manuscrits C et D, ni dans

accompagne, a la même signification. l'édition de Boulac.

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