Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/322

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lisne de démarcation entre les hommes de haut rang; et ceux des classes inférieures. Or toutes les âmes sont naturellement portées à dominer et à commander; aussi, quand les membres du conseil voient leur ville tout à fait en dehors' de l'autorité du sultan et de la puis- sance de l'empire, il n'y a pas un d'entre eux qui ne cherche à s'em- parer du pouvoir. Dans la lutte qui s'ensuit, chacun d'eux s'appuie sur un corps de partisans composé de ses clients, de ses amis et de ses affidés; il prodigue même son argent aux hommes du peuple, afin de les rallier à sa cause. Celui d'entre ces chefs qui parvient à vaincre ses rivaux les poursuit et les harcèle jusqu'à ce qu'il les ait tués ou expulsés de la ville "^ Après leur avoir brisé les forces et rogné

p. 268. les ongles, il s'attribue l'autorité suprême et croit avoir fondé un royaume qu'il pourra transmettre à ses enfants. Dès lors les mêmes accidents se déclarent dans ce petit Etat comme dans les grands em- pires : une période de prospérité en amène une autre de décadence. ^iUlQuelquefois l'usurpateur adopte les allures d'un grand souverain , d'un roi qui aurait sous ses ordres une foule de tribus et de peuples, qui s'appuierait sur des partis très-puissants, qui ferait des campa- gnes, soutiendrait des guerres et régnerait sur des provinces et des

% royaumes. Il s'assied sur un trône , assume les insignes de la souve- raineté et parcourt, avec un grand cortège, les environs de sa ville; il se sert d'un sceau et exige qu'on lui donne le titre de monseigneur^, se conduisant ainsi de manière à faire rire tous ceux qui savent combien il a peu de droit aux marques d'honneur dont il s'entoure. Jamais on ne se laisse porter à ces extravagances qu'au moment où l'autorité de l'empire est devenue très-restreinte et que plusieurs familles (de la •ville), se trouvant unies par les liens de la parente, forment un parti imposant. Quelques-uns de ces chefs s'abstiennent toutefois de ces démonstrations et vivent dans une honnête simplicité afin de ne pas s'exposer à.la dérision et au ridicule. De pareilles usurpations ont eu

' Pour *J^, lisez j>.iiii. esl îe nom d'action d'un verbe fictif J y» ,

' Pour t_>jj*AjIj, lisez ouJuJI jf. qui a pour racine le nom j^. dérive de

' Pour Jj^^Jtj, lisez Jo^idlj. Ce mol (jj.

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