Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/366

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��PROLEGOMENES

��dent des bons enseignements qu'il a reçus et du talent ^ de celui qui l'a instruit. Cela posé, nous dirons que les arts sont, les uns simples, et les autres compliqués. L'objet spécial des arts simples, ce sont les choses indispensables à l'homme; celui des arts compliqués, ce sont les choses qui contribuent à rendre parfait son bien-être. On com- mence par enseigner les arts simples-, par la raison qu'ils sont simples, et parce que les choses indispensables qu'ils ont pour objet spécial fournissent de nombreux motifs pour les transmettre (par l'enseigne- ment). Comme on commence par apprendre les arts simples, leur en- seignement est d'abord très-imparfait; mais dès lors la réflexion (de l'esprit humain) ne cesse de faire passer de la puissance à l'acte les di- verses espèces d'arts, tant simples que compliqués. Elle les développe peu à peu, et dans un ordre régulier, jusqu'à ce qu'ils atteignent la perfection. Ils n'y arrivent pas tout d'un coup, mais graduellement, P. 307. pendant une longue suite de siècles et de générations; car une chose né passe pas instantanément delà puissance à l'acte, surtout si elle appartient à la classe des arts. Ce changement ne peut donc s'effec- tuer qu'avec le temps. Voilà pourquoi nous trouvons que, dans les petites villes, les arts sont loin d'être parfaits et appartiennent tous à la classe des arts simples. Si la prospérité d'une ville augmente, la grande demande des objets de luxe pousse à l'exercice des arts (com- posés) et les fait passer de la puissance à l'acte.

��Les ans se perfectionnent dans une ville à mesure du piogrès de la civilisation et de l'accroissement de la population.

Tant que la civilisation de la vie sédentaire n'est pas complètement établie dans une ville, et tant que cette ville n'a pas acquis le caractère de cité, les habitants songent uniquement à se procurer le nécessaire, c'est-à-dire le blé et les autres choses qui servent à l'alimentation. Lorsque cette ville est devenue une véritable cité , et que les produits du travail y abondent au point de dépasser tous les besoins, on emploie le surplus à se procurer ce qui peut compléter le bien-être.

' Littéral, u de la faculté « 

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