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D'IBN KHALDOUN. 379

et que ce fut au moyen de ses connaissances en charpenterie qu'il opéra son grand miracle : la construction de l'arche qui sauva un reste de l'espèce humaine lors du déluge. Qu'il ait été le premier charpen- tier, cela est possible, mais nous n'en possédons aucune preuve, vu le long espace de temps qui s'est écoulé depuis cette époque. La tradi- tion qui nous le dit doit être entendue comme indiquant l'antiquité de cet art. Quant aux temps antérieurs à Noé, nous ne possédons au- cun renseignement certain au sujet de l'existence de la charpenterie, et voilà probablement pourquoi on a représenté ce patriarche comme le premier qui l'eût apprise. On voit par là combien il y a de secrets touchant les arts qui sont pratiqués par les hommes. Dieu est le créateur, le savant.

De l'art du tisserand et de celui du tailleur. •

[ ^ Les hommes qui occupent le juste milieu dans l'état que l'on dé- signe par le terme nature humaine ^ sont obligés de songer aux moyens de se couvrir le corps ^, de même qu'ils doivent songer aux moyens de s'abriter (contre les intempéries des saisons). Ils y parviennent en s'enveloppant d'un tissu qui puisse les garantir contre le chaud et le froid. Or, pour former ce tissu, il faut, de toute nécessité, prendre des matières qu'on a filées et les combiner ensemble de manière à en faire une pièce d'étofte. Cette opération s'appelle travailler au métier et tisser. S'ils s'adonnent à la vie nomade, ils se contentent d'une P. 327 pièce d'étoffe unie; mais, s'ils adoptent la vie sédentaire, ils décou- pent la pièce en morceaux, afin d'en façonner des vêtements qui s'adaptent à la taille et à chaque membre du corps, quelle que soit la diversité de leur position. Ensuite ils unissent ces morceaux en- semble afin d'en faire un vêtement qui aille au corps et dont ils se

' Ce passage, que j'ai nais entre des ' Littéral. « dans le sens (ou dans laréa-

crochets.ne se trouve pas dans les manus- lité) de l'huiuanité. » (Voyez, du reste, la crits C, D. L'édition de Boulac le donne, i" partie, p. i68 et suiv.) ainsi que le manuscrit A. ' Littéral. « de se tenir cliaud. »

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