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D'IBN KHALDOUN. 389

humeurs. Dans toutes les matières qui tombent en décomposition, il y a une chaleur adventice qui, si elle se trouve dans le corps de l'homme, s'appelle fièvre. Voyez ce qui arrive aux aliments quand on leur donne le temps de se corrompre; voyez comment le fumier en dé- composition émet une chaleur sensible. Voilà précisément ce que sont les fièvres dans le corps humain, et voilà pourquoi il faut les regarder comme les principes et les causes de toutes les autres maladies, ainsi que nous le trouvons énoncé dans la tradition déjà citée.

Pour guérir les fièvres, il faut soumettre le malade à la diète pen- P. 336. dant un certain nombre de semaines; puis on lui donne une nourri- ture convenable, jusqu'à ce qu'il soit parfaitement rétabli. Il y a en- core des traitements que l'homme bien portant doit suivre, afin de se garantir contre ce genre de maladie et contre toutes les autres. Si la corruption se met dans un des organes du corps, cela amène une maladie dans cet organe, ou bien elle fait naître des plaies sur les membres principaux du corps ou sur les membres d'une importance secondaire. Quelquefois la maladie qui se déclare dans un membre amène une autre maladie qui affecte les forces de ce membre. Voilà, en somme, à quoi se réduisent toutes les maladies, et elles pro- viennent presque toujours des aliments. Tout cela est du ressort de la médecine.

Les maladies sont très-nombreuses chez les peuples sédentaires et les habitants des villes, à cause de l'abondance dans laquelle ils vivent et de la variété des choses qu'ils mangent. Ils se bornent rarement à une seule espèce d'aliments; ils en mangent de toutes sans précaution*, et, dans les procédés culinaires, ils mêlent ensemble divers mets, en y ajoutant des condiments, des légumes et des fruits, combinant ainsi des aliments dont les uns sont de nature sèche et les autres de nature humide. Us ne se contentent pas d'un seul plat ni même de plusieurs : j'ai compté , dans la liste d'un des services d'un repas, quarante espèces de légumes et de viandes. Tous ces mets (in-

' La bonne leçon esl ÂMyi , celle des manuscrits C et D et de l'édition de Boulac.

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