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paroles proviennent de telle personne, et que telle décision juridique émane de tel légiste, qui, par un travail d'esprit consciencieux, l'a tirée de la source (du droit musulman). Tant qu'on ne peut pas •vérifier les textes en les faisant remonter par (la fdière nommée) wnad jusqu'aux écrivains qui les ont compilés, on ne peut pas attri- buer avec certitude telle parole à telle personne et telle décision juri- dique à tel légiste.

Pendant plusieurs siècles et dans beaucoup de pays,. les savants et les érudits se bornèrent à ce travail, et ce fut à cela que se réduisit l'art dont les renseignements transmis par la tradition orale sont P. 35i. l'objet. En effet, les fruits les plus importants qu'on avait tirés de cet art étaient déjà perdus : on ne savait plus reconnaître (de prime abord) dans les traditions, ni les saines, ni les passables, ni les parfai- tement appuyées, ni les relâchées, ni les interrompues ni les arrêtées, ni les distinguer des traditions supposées^. La crème de ces notions était restée toutefois dans ces textes originaux, dont on reconnaissait uni- versellement l'autbenticité ; mais cbercber à retrouver ces textes au- rait été une peine inutile. L'avantage qu'on recueillait en ayant re- cours à la transmission orale était de pouvoir retrouver les leçons offertes par les prototypes des recueils de traditions, des traités de jurisprudence composés à l'usage des légistes, des compilations scien- tifiques, etc. C'est par un tel travail qu'on établit exactement la filière par laquelle les textes nous sont parvenus; sans lui, on ne pourrait pas les citer comme provenant réellement des auteurs à qui on les attribue. Ce système (de travail critique) a laissé en Orient et en Es- pagne des chemins bien battus^ et des sentiers faciles à reconnaître. Quelques recueils copiés à cette époque et dans ces pays existent encore et offrent des exemples parfaits de correction, d'exactitude^ et d'authenticité. On trouve aussi entre les mains de quelques in- dividus des manuscrits d'une haute antiquité, qui montrent qu'à

' Pour l'explication de ces termes tech- ' Pour io-^jut, je lis ij^A**. L'édition

niques , voyez la note qui se trouve à la fin de Boulac offre cette leçon. du dernier chapitre de cette partie. ' Après (jUjOff, insérez «L^Vfj.

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