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D'IBN RHALDOUN. 419

cultivé aucune science ni connu aucun art; ils n'avaient qu'une seule occupation' : la pratique des usages de la vie nomade.

Les chameliers se mirent ensuite à chanter pour exciter leurs chameaux; les jeunes gens chantaient aussi pour passer le temps. Ils faisaient des tremblements sur les notes et formaient des modula- tions. Les Arabes employaient le mot ghana (chant) pour indiquer l'acte de faire des modulations en chantant des vers; pour désigner la récitation cadencée du Tehîîl (la profession de l'unité de Dieu) et la manière de psalmodier les versets du Coran, ils se servaient du terme taghbîr. Abou Ishac ez-Zeddjadj^ explique ainsi l'emploi de ce mot: «Il signifie /aire mention du ghabir, c'est-à-dire, de ce qui reste, et désigne, pour cette raison, les choses de la vie future. » Quel- quefois aussi, quand ils chantaient, ils établissaient un accord entre des sons différents. Ce renseignement est fourni par pkisieurs au- teurs, dont l'un, Ibn Rechîk, l'a inséré dans la dernière partie de son Omda^. On nommait cet accord senad. La plupart (de leurs airs) étaient du rhythme appelé khafîf, celui dont on se sert dans la danse et pour marquer le pas quand on marche au son du doff (tam- bour de basque) et du mizmar (flûte). Ce rhythme excite l'âme à la gaieté et fait épanouir les esprits les plus sérieux. Chez les Arabes, il se nommait hezedj. De toutes les mélodies simples, celle-ci est la première (et la plus facile); aussi l'esprit éprouve-t-il peu de difTi- culté à la saisir, sans l'avoir apprise; de même qu'il saisit tout ce qui est simple dans les autres arts. Les Arabes ont toujours conservé (l'usage de chanter); ils l'avaient déjà dans les temps du paganisme, P. 36o. et ils s'y adonnent encore dans la vie nomade.

Lors de la promulgation de l'islamisme, ils s'emparèrent (des plus grands) royaumes du monde et enlevèrent l'autorité aux Perses par

' Pour Â-L^, lisez itLs. wage intitulé iOmda, c'est-à-dire la colonne

' Abou Ishac Ibrahim ez-Zaddjadj, sa- ou l'appui, traitait de l'art de la poésie.

vant philologue et grammairien, mourut Sel<)p Ibn Khallikan, dans son Diction-

à Baghdad, l'an 3io (922 deJ. C). naire biographique, Ibn Rechîk mourut

' Voyez la 1" partie, p. 8, note 2. L'ou- l'an 456 ( 1064 de J.C).

53.

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