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430 • PROLÉGOMÈNES

réflexion embrasse une suite régulière de causes et d'effets, plus la véritable nature de l'humanité se développe (dans l'homme). On trouve des hommes capables de reconnaître deux chaînons dans une série de causes et d'effets; d'autres peuvent en saisir trois, mais ils sont incapables d'aller plus loin. D'autres peuvent suivre xme série d'effets jusqu'au cinquième ou au sixième résultat; aussi, chez ceux- ci, la qualité distinctive de l'humanité est plus développée que chez les autres. Voyez deux joueurs d'échecs : l'un prévoit les troisièmes, et même les cinquièmes résultats d'un coup; et cela, parce qu'ils arrivent dans un ordre convenu. Son adversaire, dont l'esprit a moins de portée, ne voit pas si loin. Cet exemple, je l'avoue, n'est pas tout à fait juste : bien jouer aux échecs est un talent acquis ; connaître l'en- chaînement des causes et des effets dépend d'une disposition natu- relle. Il peut cependant servir à celui qui veut se rendre compte des principes que nous venons d'exposer. Dieu a créé l'homme et lui a donné la supériorité sur la plupart des créatures.

P. 368. De l'intelligence expérimentale et de la manière dont elle se produit.

L'homme est citadin par nature^ . Cette maxime, bien connue des per- sonnes qui ont entendu expliquer les livres des philosophes, est em- ployée par eux dans le chapitre qui démontre la réalité du prophé- tisme^, etc. Le mot citadin dérive de cité, terme qui s'emploie pour désigner la réunion des hommes en société. La maxime que nous venons de citer donne à entendre qu'un homme isolé ne saurait vivre ni rendre son existence complète, à moins d'être avec ses sem- blables. En effet, un homme seul est incapable d'obtenir la plénitude^ de l'existence et de la vie ; aussi la nature l'oblige à chercher le con- cours de ses semblables afin de se procurer les choses dont il a be- soin. Ce concours, obtenu nécessairement par un accord prélimi- naire , aboutit à une combinaison d'efforts et à tout ce qui s'ensuit.

' kvdpotros Çiaet 'jsoXtrinàv Çûov. (Aristote, Pol. II, ch. ii.) — ' Je lis 'i^^' , avec le traducteur turc.

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