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434 PROLÉGOMÈNES

gination et au milieu desquelles la réflexion se retourne et s'agite, pendant qu'elle est détachée de l'influence des sens. C'est là la preuve la plus claire que nous pouvons oflHr en faveur de l'existence du monde spirituel, monde que nous comprenons seulement d'une ma- nière générale, sans en connaître les particularités. . Les philosophes théologiens ont prétendu indiquer les classes et l'arrangement des essences appartenant au monde spirituel, essences qu'ils nomment intelligences^; mais ce qu'ils en disent ne renferme rien de certain. En effet leur preuve spéculative ne remplit pas la con- dition exigée pour que cette preuve soit valide. Ils ont eux-mêmes posé cette condition dans leurs traités de logique , en disant : « Dans une démonstration spéculative, les propositions doivent être primitives (c'est-à-dire des premiers principes ou axiomes) etintelligihlespar elles- mêmes. » Or la vraie nature des essences spirituelles est inconnue; on jie peut donc rien prouver à leur égard. Il n'y a aucun moyen d'aper- cevoir les subdivisions de ces essences^, excepté par les indications que nous trouvons dans la loi révélée et dont la clarté, ainsi que la certitude, est reconnue par la foi. De ces (troi^) mondes, celui de l'homme est le plus rapproché de notre compréhension, car son exis- tence nous est certifiée par la conviction intime que nous dérivons de nos perceptions corporelles et spirituelles. L'homme participe avec , les autres animaux au monde des sens; il participe au monde de l'in- telligence et des esprits avec les anges, dont les essences sont de la même pspèce que la sienne; essences dépouillées de matière et de corporéité et formant une inteUigence pure dans laquelle se trouvent réunis l'intellect, l'agent intellectuel et l'objet de l'intellect. La nature véritable de ces êtres consiste alors, pour ainsi dire, en perceptivité et en intellect; les connaissances qu'ils possèdent sont toujours pré- P. 372. sentes (à leur entendement) et s'accordent, parleur nature, avec les choses connues , et cela , d'une manière parfaitement précise et sans la moindre disparate.

' Voyez la 1" partie, p. aoo, note 2. traduction turque porte <ujL».j^ catj-i, ce

' Je lis caljtvl , à ia place de f [j*jl- 'ja qui justifie ma correction.

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