Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

446 PROLEGOMENES

rence radicale dans leur constitution même^ Mais cette opinion est tout à fait erronée : la dififérence qui existe entre les pays de l'Orient et ceux de l'Occident n'est pas assez considérable pour produire une différence^ dans le même être individuel (la nature humaine). C'est tout au plus si cette différence se laisse remarquer chez les habitants des contrées situées en dehors de la zone tempérée , ceux du premier climat, par exemple, et ceux du septième. Dans ces régions, la cons- titution de l'homme s'écarte du juste milieu, et celle de l'âme s'en éloigne dans la même proportion, ainsi que nous l'avons dit ailleurs^. La supériorité des Orientaux sur les Occidentaux dérive uniquement de l'intelligence plus avancée que l'influence de la vie sédentaire a communiquée aux premiers. C'est là un point que nous avons traité en parlant des arts*; mais nous ajouterons ici des éclaircissements afin de montrer l'exactitude de ce que nous avons avancé.

Les peuples sédentaires observent certaines convenances (et une juste mesure) dans tout ce qu'ils font. Cela se remarque dans leur manière de se nourrir et de se loger, dans le style de leurs édifices , dans les choses qui concernent la religion et dans les affaires mon- daines, enfin dans toutes leurs habitudes ^ transactions et procédés. Ils respectent ces convenances jusque dans le choix des objets qui servent à l'alimentation et à l'habillement. Ce sont là, pour ainsi dire, des limites qui leur sont imposées , et qui ne se laissent point franchir. De plus, toutes ces pratiques constituent chez eux des arts qui se transmettent d'une génération à une autre ; or il est certain que chaque art forme un système dont la régularité doit nécessairement réagir sur l'âme et lui communiquer un surcroît d'intelligence; cela rend l'acquisition d'un autre art plus facile , et dispose l'intelligence à saisir avec plus de promptitude les connaissances (de tout genre).

' Littéral, «existe dans la réalité de la c^ijlij' j* (jôJ\ , leçon peu satisfaisante,

nature humaine. » , ^ Voyez la i" partie, p. 169.

' Je lis <^yJLj *J i_>jÇ. tiJJI , leçon qui * Voyez ci-devant, p. ^22.

doit être celle que le traducteur turc avait ' Je lis Ajl^U. , avec l'édition de Bou-

sous les yeux. L'édition de Boulac porte lac et la traduction turque.

�� �