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D'IBN KHALDOUN. 449

truction; car renseignement lui-même est un art S et les arts n'existent pas chez les gens de la campagne, ainsi que nous l'avons déjà montré. Donc, pour s'instruire, il faut se rendre dans une grande ville ^.

Il en est ainsi de tous les arts^. Que le lecteur se rappelle ce que nous avons dit au sujet de Baghdad, de Cordoue, de Cairouan, de Basra et de Koufa, quand nous parlions de la haute prospérité dont ces villes jouissaient dans les premiers temps de l'islamisme, et de la civilisation qui y régnait. L'océan des sciences y était plein à débor- der; on y avait adopté divers systèmes technologiques pour la pratique p. 38^ de l'enseignement et des autres arts; on s'y occupait à résoudre des problèmes scientifiques et à suivre la culture des sciences dans toutes leurs branches, et l'on avait fini par l'emporter sur les anciens et aller plus loin que les modernes. Mais, lorsque ces villes furent déchues de leur prospérité et que leurs habitants se dispersèrent de tous côtés, le tapis de la science qu'on y avait déployé fut plié et enlevé avec tout ce qui le couvrait. Les sciences en disparurent alors, ainsi que l'enseignement, pour se transporter dans les autres villes musulmanes. Autant que je puis en juger, elles ne se trouvent, de nos jours, que dans le Caire, et cela parce que l'Egypte a joui, depuis plusieurs milliers d'années, d'une grande prospérité et d'une civilisation bien établie; aussi les divers arts, et l'enseignement en est un, y ont pris un grand développement et une assiette solide.

Ce qui a contribué au maintien de cet état de choses, c'est la con- duite tenue par les membres du gouvernement turc (les Mamiouks) pendant les deux derniers siècles, à partir du règne de Salah ed-Dîn (Saladin), fils d'Aïyoub. Les émirs turcs, pensant que l'empire pour- rait un jour éprouver quelque grande catastrophe et craignant que leur souverain ne fît des avanies aux enfants qu'ils laisseraient après eux et sur lesquels il avait des droits, en leur qualité d'esclaves ou d'affranchis, ont bâti un grand nombre de collèges, de couvents et de cloîtres, auxquels ils ont assigné, à titre de oaakf^, des immeubles

' Pour j:LoJt, lisez J^U-». ' PoiirjO^I J*l J , lisez L^.

  • Jn lis <jl '^Ah ij . * Voyez la i" partie, introd. p. lxxvii.

Prolégomènes. — ii. 67

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