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de passer, avec leurs navires, dans la partie nord-est de cette mer, afin de se rapprocher des contrées maritimes appartenant aux PVancs et aux Esclavons, et des îles romaines \ qu'ils n'osèrent plus dépas- ser. En effet, les flottes des musulmans s'acharnaient sur celles des chrétiens, ainsi que le lion s'acharne sur sa proie ; leurs navires, aussi nombreux que bien équipés, couvraient la surface de la mer, la parcourant en tous les sens, soit dans un but pacifique, soit pour faire la guerre. Les chrétiens ne pouvaient pas même y faire flotter une planche; mais, plus tard, l'affaiblissement et la débilité des em- pires fatemide et oméiade leur permirent de s'emparer de la Sicile, de Crète, de Malte et d'autres îles orientales. Profitant ensuite de la faiblesse de l'empire musulman , ils se précipitèrent sur les côtes de la Syrie et s'emparèrent de Tripoli, d'Ascalon , de Tyr et d'Akka P. 37. (Saint-Jean-d'Acre). S'étant rendus maîtres de toutes les places fortes du littoral de la Syrie, ils prirent la ville de Jérusalem et y bâti- rent une église pour y pratiquer les cérémonies de leur culte. (Les troupes de Roger P"", roi de Sicile,) enlevèrent Tripoli (d'Afrique) aux Béni Rhazroun ^, s'emparèrent ensuite de Cabes et de Sfax, et soumirent les musulmans .de ces villes à la capitation. Ensuite ils obtinrent possession d'El-Mehdiya, autrefois siège de l'empire fate- mide, ayant enlevé cette ville aux descendants de Bologguîn Ibn Zîri^. Ainsi, depuis le v*^ siècle, la fortune s'était tournée du côté des chrétiens dans la mer Romaine. Dès lors la puissance maritime de l'Egypte et de la Syrie commença à tomber dans l'anéantissement. Personne, jusqu'à nos joiu-s, n'a essayé de la relever, bien qu'au- trefois, dans ces mêmes pays, le gouvernement fatemide eût dé- ployé des efforts extraordinaires pour le maintien de la marine. C'est un fait que l'histoire de cette dynastie ne permet pas de mé-

' Probablement les îles de l'archipel plusieurs détails sur la conquête des villes

grec. raaritimes de la Tunisie el de la province

' Dans {'Histoire des Berbers, t. III, de Tripoli par les chrétiens de la Sicile. p. 258, se trouve un chapitre sur l'histoire ' Voy. Histoire des Berbers, t. Il, p. 26

de cette famille. Le même ouvrage fournit et suiv.

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