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52 PROLÉGOMÈNES

rivée des Almohades. Sous cette dynastie et sous les dynasties zena- tiennes qui s'élevèrent plus tard, on restreignit l'usage des tambours et des drapeaux au souverain, et on les interdit à tous ses lieute- nants. Chez ces peuples, les porte-drapeaux et les tambours for- maient une compagnie particulière qui suivait immédiatement le sultan dans ses expéditions et qu'on nommait la saca^. Le nombre des drapeaux fut plus ou moins grand, suivant les usages particuliers adoptés par chaque dynastie : les unes , telles que les Almohades et les Béni '1-Ahmer, en Espagne , se bornaient à sept, comme à un nombre qui porte bonheur; d'autres, telles que les Zenata, en avaient jusqu'à dix ou même vingt. Sous le règne du sultan Abou '1-Hacen, la saca, ainsi que nous l'avons vue nous- même , se composait de cent tam- bours et de cent drapeaux, tant grands que petits, en soie de diffé- rentes couleurs, tissés avec de l'or. Ces princes accordaient à leurs P. 46. gouverneurs, lieutenants et généraux un petit drapeau de lin blanc et un petit tambour lorsqu'ils allaient à la guerre, et ne leur per- mettaient pas d'en avoir davantage.

Dans l'empire turc qui de nos jours existe en Orient (Egypte), on avait commencé par un seul drapeau de grande dimension dont la tête était surmontée d'une grosse touffe de crins. On le désigne par les noms de djaUch"^ et de djitr^. Pour eux, ce drapeau est la marque dislinctive de la souveraineté. Plus tard ils augmentèrent le nombre des drapeaux et ils les appelaient senadjic , mot dont le singulier est sandjac , et qui, dans leur langue, signifie drapeau. Quant aux tam- bours, qu'ils nomment kousat, ils en ont augmenté le nombre d'une manière extraordinaire. Chaque émir et chaque général d'armée peut

' Ce mot signifie V arrière-garde. être une interpolation et qui est certai-

' Voy. l'Hisloire des sultans mamlouks, nement tronqué au commencement. En

d'EI-Macrizi, traduite par M. Quatremèrc, voici la traduction ; «et avec l'armée en

t. I, p. 227. Les manuscrits C, D et l'édi- général. Ensuite, au-dessus de la tête du

tien de Boulac portent chalich, jji-JLi. sultan (flotte) un autre drapeau que l'on

' Le djitr est probablement le parasol. désigne par le» noms d'eiçaba (banderole)

Ici , dans l'édition de Paris et dans le ma- et de chatfa. » nuscril A se trouve un passage qui paraît ' En turc i^jf [kious).

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