Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/65

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necs; le dirhem taberi, qui en pesait 4 ; le maghrebi, qui en pesait 3, et enfin le yéméni^, qui n’en pesait qu’un. Omar ordonna qu’on examinât quels étaient ceux de ces dirhems qui dominaient dans le commerce ; il se trouva que c’étaient le baghli et le taberi, qui, réunis ensemble , donnaient 12 danecs. On fixa donc le poids du dirhem à 6 danecs. En ajoutant à ce poids les 3/7, on avait un mithcal ; et si d’un mithcal on retranchait 3/10 on avait 1 dirhem. Lors donc qu’Abd el-Melek jugea à propos d’adopter un type monétaire, afin de préserver de toute altération frauduleuse les deux espèces qui avaient cours dans le commerce des musulmans, il détermina leur poids d’après ce qui avait été réglé du temps d’Omar ; il fit faire un coin de fer et fit graver dessus des mots et non pas des figures , parce que l’art de bien parler et de s’exprimer nettement était le talent le plus familier aux Arabes et celui par lequel ils se distinguaient davantage, et que d’ailleurs les figures sont proscrites par la religion. Cela (c’est-à-dire l’usage de ne pas mettre des figures sur les monnaies) s’est conservé pendant^ toute la durée de l’islamisme. Les dinars et les dirhems étaient, les uns comme les autres, de forme ronde, et les légendes y étaient gravées en plusieurs cercles concentriques. D’un côté, on écrivait les noms de Dieu avec le tehlil et le iahmîd *, et la formule de bénédiction sur le Prophète et sa famille ; de l’autre côté on inscrivait la date et le nom du khalife. Cela se pratiqua ainsi pendant tout le temps des Abbacides, des Obeïdides (Fatemides) et des Oméiades *. Quant aux princes sanhadjiens^, ils n’eurent de type monétaire que vers la fin de leur domination. Ce fut, comme le rapporte Ibn Ham-

’ Jusqu’à présent on n’a rien de précis sur ces monnaies anté-islamites.

’ Pour $$, lisez $$.

’ Le terme (e/i?i7 sert à désigner la formule // n’y a point d’autre dieu que Dieu; on désigne par le mot tahmîd la formule Louange à Dieu,

  • Voy. la note de M. de Sacy, Chrestomathie arabe, t. II, p. 295.

^ Une dynastie sanhadjienne , celle des Zirides, remplaça la dynastie des Fatemides en Ifiîkiya. Elle se partagea en deux branches, les Badicides et les Hammadides, dont l’une régna à Cairouan et l’autre à EU-Calà et à Bougie. Pour leur histoire , voyez le second volume de l'Histoire des Berbers.