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somme, ils se bornèrent à celles qui leur étaient nécessaires pour le transport de leurs bagages et de leurs tentes •; et ce fut avec ces ani- maux qu'ils formaient leur ligne (de ralliement) quand ils allaient engager le combat. (Un retranchement de cette espèce) n'est pour- tant pas d'une grande utilité, parce qu'il n'encourage pas les troupes à combattre jusqu'à la mort; ce qu'elles feraient si, derrière cette ligne de ralliement, se trouvaient leurs familles et toutes leurs ri- chesses. Aiissi, en cas d'alarme, ils abandonnent leurs rangs et se dis- persent.

Nous venons d'indiquer pourquoi on établit une ligne de ralliement sur les derrières de l'armée et de signaler la confiance qu'elle com- munique aux troupes qui combattent par attaque et retraite. Ce fut pour le même motif que les rois du Maghreb prirent à leur service et admirent au nombre de leurs milices des corps de troupes eu- ropéennes [frendj). C'est un usage qui leur est particulier et qu'ils adoptèrent, parce que, tous les habitants de ce pays étant dans l'usage de combattre d'après le système d'attaque et retraite, ces princes te- naient beaucoup, dans leur propre intérêt, à établir sur les derrières de leurs armées vme forte ligne d'appui qui pourrait servir d'abri aux combattants. Pour former une telle ligne il fallait, de toute nécessité, employer des gens habitués à tenir ferme sur le champ de bataille, car autrement ce corps reculerait, ainsi que font les troupes qui ne savent combattre que par charges et retraites successives. S'il lâchait pied, le sultan et toute l'armée seraient entraînés dans la déroute. Les souverains maghrébins eurent donc besoin d'un corps de troupes habituées à combattre de pied ferme, et ils les prirent chez les Eu- ropéens. Pour former le cercle de troupes qui les entourait (pendant la bataille), ils prirent aussi des soldats de cette race. C'est là, il est p. 72. vrai, s'appuyer sur des inlldèles; mais ces princes ne regardaient pas cela comme un sujet de reproche; ils étaient obligés de le faire, ainsi que nous venons de l'expliquer au lecteur, par la crainte de voir le

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