Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/123

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DIBN KHALDOUN. 107

« Le public fut tellement choqué de l'application du terme mécréant à tous ceux qui confessaient l'unité de l'Etre unique, et du terme impie à ceux qui le désignaient par des attributs, qu'il se déchaîna contre celui qui l'avait dit et le traita de fou. Mais je dirai , moi, en me pla- çant au point de vue de cette classe de Soiifis, que la confession de l'unité signifie la négation de la réalité des choses créées, négation résultant de l'affirmation de l'existence de l'Elrc étemel', et que, (pour eux), tout ce qui existe n'est qu'un seul être réel, une seule chose dont on peut dire seulement qu'elle est*.» Abou Saïd el- Djczzar, un des principaux Soulis, avait déjà dit : « La vérité (ou Dieu), c'est la chose même qui a paru et la chose même qui est cachée. » Ils croient aussi que la pluralité qui survient dans cette vérité et l'exis- tence de la duahté (Dieu et le monde) sont, si on les compare avec les présences du sens^, comme des ombres, des échos et des images réfléchies dans un miroir *. Ils ajoutent qu'en faisant une recherche suivie à ce sujet, on reconnaîtra que tout ce qui n'est pas l'Etre éter- nel lui-même est le néant. «Telle, disent-ils, est l'idée exprimée par cette parole : Dieu était, et rien n'était avec lai; et il est maintenant ce qu'il était auparavant. » Us retrouvent aussi cette même idée dans la parole de Lebîd '", dont le Prophète reconnut la vérité : ■ Certes, di- sait ce poêle, toute chose, à l'exception de Dieu, n'est que néant. » « D'ailleurs, disent-ils, celui qui confesse l'unité de Dieu et le dé- signe par des attributs déclare, par ce fait même, qu'il y a un être unique ayant un commencement et qu'il est lui-même cet être; ( il montre aussi ) qu'il y a une confession de l'unité ayant un com- mencement, c'est-à-dire son propre acte (de la confesser), et qu'il y

' Littéral, «la négation de lu réalité de son sens intérieur. (Voy. ci-devant,

(aîn) delà nouveauté par l'anirmation de p. 99.)

la réalité de l'Éternel. • ' ^ 'Il faut lire, dans ce passage, ^y^^j à

  • Le terme employé ici estjuil- (Voy. la place de ^fi-j, i/* à la place de A, et

le Maimonide de M. Munk , vol. I, p. a4i.) J>!)uiJl à la place de JùLàJl.

' Le terme présence du sens sert à dé- ' Poète célèbre et auteur d'une des sept

signer ces manifestations de la divinité, Moallacas.

dont l'homme ne s'aperçoit qu'au moyen " Pour c'w^a*;, lisez 0^^1x7.

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