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D'IBN KHALDOUN. 117

nature et les passe au sens commun. Il en résulte que l'homme plongé dans le sommeil voit ces formes de la manière dont il aperçoit celles qui se recueillent par les organes des sens. Voilà comment les per- ceptions obtenues par l'esprit intellectuel se trouvent abaissées au degré de cellesqui s'acquièrent par les sens (extérieurs); et, dans tout cela, l'imagination joue le rôle d'intermédiaire. Voilà la vérité en ce qui regarde les songes.

Ces indications suffiront pour faire distinguer entre les songes vrais et les songes confus et faux. Ces deux classes de manifestations se composent de formes (ou images) et se présentent à l'imagination P. 83. pendant le sommeil : si elles descendent de l'esprit intelligent et per- ceptif, elles sont des songes vrais; mais si elles proviennent de formes que l'imagination avait transmises à la mémoire' dans l'état de veille, ce sont des songes confus (et indignes d'attention).

[Sachez maintenant que les songes vrais portent en eux-mêmes des marques^ qui attestent leur vérité et leur réalité, et qui autorisent celui à qui une de ces manifestations arrive à y. reconnaître une an- nonce venue de la part de Dieu. Une de ces marques, c'est la promp- titude avec laquelle celui qui a eu un songe ' se réveille. On dirait qu'il a hâte de rentrer dans le domaine des sens. Quelque profond que soit son sommeil, l'impression que la perception du songe lui fait est tellement forte qu'il se dépèche de sortir de cet état pour rentrer dans un autre, celui du monde sensible, où l'àme reste en- gagée dans le corps et soumise à l'influence de tous les accidents qui affectent le corps. Une autre de ces marques, c'est la persistance et la durée de (l'impression laissée par) la perception du songe. Il s'imprime avec tous ses détails dans la mémoire, et cela si pro- fondément qu'il ne saurait être négligé ou oublié*. L'homme se le

' Le mot A-i--» est inutile et ne se trouve ' Lisez ici et dans la ligne précédente

ni dans Tédition de Boulac ni dans les ma- ^i,\J\ (le voyant) à la place de ijUl- Celle

nuscrils C et D. correction est justifiée par la traduction

' Les deux paragraphes suivants ne se turque; on y lit : ^Li») ciLujk.

trouvent que dans le manuscrit A et dans * Littéral, «que la négligence et l'oubli

la traduction turque. ne sauraient l'effacer. •

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