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��PROLEGOMENES

��ni non existant^. C'était sur ces principes et sur quelques autres qu'ils fondaient les arguments spéciaux dont ils se servaient.

Cette doctrine était déjà établie quand le cheïkh Abou '1-Hacen (el- Achari) et le cadi Abou Bekr (ei-Bakillani) et l'ostad (ou maître) Abou Ishac (el-Isferaïni) enseignèrent que les arguments servant à prouver les dogmes étaient inverses (rétroactifs), c'est-à-dire que, si on les déclarait nuls, on admettait la nullité de ce qu'ils devaient démontrer. Aussi le cadi Abou Bekr regarda-t-il ces arguments comme tout aussi sacrés que les dogmes mêmes, et déclara-t-il qu'en les attaquant on attaquait les dogmes dont ils formaient la base.

Si nous examinons, toutefois, la logique, nous voyons que cet art roule entièrement sur le principe de la liaison intelligible (c'est- à-dire que l'intelligence aperçoit d'une manière évidente qu'il y a liaison réelle entre la cause et l'effet) et sur celui de la réalité de l'universel naturel du dehors (lesuniversaux objectifs), auquel doit cor- respondre l'universel (subjectif) qui est dans l'entendement et qui se partage en cinq parties bien connues, savoir : le genre, l'espèce, la différence, la propriété et l'accident général. Mais les théologiens scolastiques regardaient cela comme faux et enseignaient que l'vmi-

��' Le lertne états s'employait par certains Motazeliles et par quelques docteurs de l'école acliarile pour désigner Irs univer- .saux. «Ces docteurs admettaient, sinon comme êtres réels, du moins comme êtres possibles ou en puissance, certains types universels des choses créées. Ces types offrent quelque analogie avec les idées de Platon; mai-t les docteurs musulmans, ne pouvant admettre l'existence d'êtres réels entre le Créateur et les individus créés, leur attribuent une condilicn inter- médiaire entre la réalité et la non-réalité. Cet état possible, mais qu'il faut bien se garder de confondre avec la Itylé d'Aris- tole, est désigné par le mot hal, qui si- gnifie condition, étui ou circonstance. Ils

��appliquaient aussi leur théorie aux attri- buts divins en général, en disant que ces attributs ne sont ni l'essence de Dieu, ni quelque chose en dehors de son essence: ce sont des conditions ou des états qu'on ne reconnaît qu'avec l'essence qu'ils ser- vent n qualifier, mais qui, considérés en eux-mêmes, ne sont ni existants ni non existants et dont on ne peut dire qu'on les connaît ni qu'on les ignore. « — {Mé- lanqcs de ptiitosophie juive et arabe par M. Munk, p. ,^27. Voy. aussi le Guide des Etjuvés , vol. I, p. 375 et suiv. ) La défini- tion qu'ils donnent des universaux et qu'lbii Khaldoun reproduit ici est longue- ment expliquée dans le Dictionary of tech- nicul terms, p. 4et".

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