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qu'ils dirigeaient contre les croyances que nous tenons des premiers musulmans. Cela décida les scolastiques à les réfuter par des argu- ments de la même espèce que ceux qu'ils avaient employés; aussi se trouvèrent-ils obligés de se servir de raisonnements tirés de la spécu- lation pour appuyer les croyances que les anciens nous ont transmise?. Mais la scolastique n'a pas pour objet de rechercher la vérité ou la fausseté des problèmes qui appartiennent à la physique ou à la méta- physique; de telles recherches ne sont pas de sa compétence. Quand on est bien convaincu de cela, on reconnaît clairement la différence qui existe entre la scolastique et la philosophie, bien que les modernes les aient confondues en une seule science, tant dans la théorie que dans leurs écrits. La vérité est que chacune d'elles diffère de l'autre par son objet et par les problèmes dont elle s'occupe. La confusion que nous venons de signaler provient de ce que (dans les deux sciences) les problèmes capables de démonstration sont les mêmes. L'esprit d'argumentation fut porté chez les scolastiques à un tel point qu'il semblait être un stimulant qui les poussait à chercher dans la raison les preuves de nos ci-oyances. Mais ce n'est pas là le but de la scolastique; elle ne doit servir qu'à réfuter les impies, car les doctrines dont elle s'occupe nous sont imposées par la loi comme vraies , et nous devons les reconnaître comme telles.

Il y avait dans les derniers siècles quelques Souhs à l'esprit exalté qui ne parlaient que de leurs extases et qui mêlaient les problèmes de la philosophie et de la scolastique à leurs propres doctrines de ma- nière à en faire un seul système '. Voyez, par exemple, leurs discours p. u4. sur le prophétisme, sur l'unification (de l'homme avec Dieu), sur rétablissement (de la divinité dans le corps de l'homme), sur l'iden- tité (du monde avec Dieu), etc. Mais le fait est que chacune de ces sciences a son domaine spécial et distinct. Les notions fournies par le soufisme se prêtent encore plus difficilement que les autres à une classification scientifique. Gela tient à ce que les Soufis prétendent

' LiUéral. « un seul discours. »

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