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184 PROLÉGOMÈNES

intention; il ne peut procéder que d'une âme prédisposée à la vertu et doit être annoncé d'avance par le prophète comme preuve de sa mission. Quant à la magie , elle ne s'exerce que par des hommes mé- chants, des âmes portées naturellement vers le mal', et elle produit ordinairement des effets nuisibles, comme, par exemple, la désunion mise entre deux époux ou le préjudice porté à ceux dont on est l'ennemi. Voilà, selon les philosophes théologiens, comment le mi- racle se distingue de l'acte de magie ^.

On trouve quelquefois chez les Soufis qui opèrent des prodiges par la faveur de Dieu, la faculté d'exercer une influence sur les choses • de ce monde, influence qu'il ne faut pas confondre avec la magie. Elle se manifeste avec le concours de la divinité, vu que la profession et la voie (ou pratique) du soufisme est un reste et une suitç du prophé- tisme. Dieu accorde aux Soufis un abondant secours; il les aide selon la hauteur qu'ils ont atteinte dans la vie mystique, selon l'intensité de leur foi et leur attachement à la parole divine'. Si quelqu'un d'entre eux avait le pouvoir de mal faire, il ne l'exercerait pas : soit qu'il agisse, soit qu'il s'abstienne, il est lié par l'ordre de Dieu. Le Souli ne fait jamais rien sans en avoir reçu l'autorisation; s'il agissait autrement, il s'écarterait du sentier de la vérité et décherrait très-probablement du degré de spiritualisme auquel il était parvenu.

Puisque tout miracle s'opère avec le secours de l'esprit de Dieu et au moyen des influences divines, aucun effet de magie ne peut P. i35. lui résister. Voyez, par exemple, ce qui arriva aux magiciens de Pha- raon dans leur lutte avec Moïse : Son bâlon avala ce qu'ils avaient con- trefait. {Coran, sour. vu, vers. ii/4). Leur magie disparut, anéantie comme si elle n'avait jamais existé. Pensez aussi au * verset que le Prophète reçut de Dieu avec les deux sourates préservatrices^ : Et

' Le» mots que je traduis ici se ' Pour i\*a.yJi, lisez <uJt avec l'édition

trouvent à la fin de la phrase arabe. de Boulac elles manuscrits C et D.

' On voit par ce paragraphe qu'Ibn Khal- * Pour l*J lisez uJ,

doun se comptait lui-même au nombre des ' Voy. ci-devant, p. 176, à la dernière

philosophes théologiens. ligne.

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