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DIBN KHALDOUN. 197

dans un étal très-misérable, arriva un soir au bord du Tigre. (Ayant voulu traverser le fleuve,) il vit les deux rivages se rapprocher jusqu'à se toucher devant lui. (Au lieu de profiter de cette faveur,) il pria Dieu de le délivrer de la tentation : « Non! s'écria-t-il, je ne veux pas abuser de mon crédit auprès du Seigneur dans le but d'économiser un liard. » S'étant alors embarqué dans le bateau de passage, il tra- versa le Tigre avec les bateliers.

La faculté innée d'exercer la magie ne passe jamais de la puissance à l'acte, tant qu'on ne l'excite pas au moyen d'exercices préparatoires. Celle qui n'est pas innée, mais acquise, est inférieure à l'autre, et l'emploi d'exercices préparatoires est encore nécessaire pour l'acti- ver. La nature des exercices magiques est bien connue; Maslema el- H- «45- Madjrîti en a indiqué, dans son Ghaïa, les diverses espèces et la ma- nière de les (accomplir). Djaber Ibn Haiyan les a mentionnés aussi dans ses traités, et quelques autres écrivains ont laissé des ouvrages sur le même sujet. L'étude de ces livres occupe une foule de gens qui espèrent acquérir une connaissance de la magie en apprenant les règles et les conditions' (qui doivent s'observer dans la pratique) de cet art. Nous ferons observer qu'autrefois les exercices magiques étaient un tissu d'impiétés : on tournait son esprit vers les astres et on leur adressait des prières appelées kiama, avec l'intention d'attirer en bas les spiritualités des corps célestes. On croyait à des impressions prove- nant d'un autre que Dieu et servant à établir une liaison entre facte (de la magie) et les ascendants stellaires; on observait les positions des planètes dans les signes du zodiaque, afin d'obtenir l'intîuence dont on avait besoin.

Bien des personnes, ayant voulu procurer à leur âme la faculté d'agir sur le monde des êtres créés, entreprirent d'acquérir cet art en suivant une voie qui devait les éloigner des pratiques entachées d'impiété; et, dans ce but, elles donnèrent à leurs exercices un carac-

' Pour L^jys. L^JusiLî, lisez ^j>^) ♦J^U^i 9vec le manuscrit D et la traduction turque.

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