Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

232 PROLÉGOMÈNES

cenne), qui vivait dans le v'^ siècle', à l'époque où les Bouïdes ré- gnaient à Ispahan.

Sachez maintenant que les opinions énoncées par les philosophes sont fausses de toutes les manières : en attribuant (l'existence de) tous les êtres à la première intelligence, sans juger nécessaire de remonter jusqu'à l'Etre nécessaire, ils sont restés courts (dans le champ de la spéculation) ; car au delà de cette intelligence se trouvent divers ordres d'êtres créés par Dieu. L'univers est trop étendu pour être embrassé par l'esprit humain, et Dieu crée ce que vous ne savez pas'^. En se bornant à affirmer l'existence de la (première) intelligence , sans se soucier de ce qui se trouve au delà, ils firent comme ces phy- siciens qui, se contentant d'affirmer l'existence du corps sans se préoccuper de l'âme et de l'intelligence (de l'homme), croient qu'au delà du corps rien n'existe dans la classe des êtres.

Les démonstrations qu'ils emploient pour justifier leurs assertions au sujet des êtres, démonstrations qu'ils éprouvent* dans la balance P. ii4. de la logique et qu'ils soumettent aux règles de cet art, sont in- complètes, et ne suffisent pas au but pour lequel elles sont désignées. La partie de leur doctrine qui regarde les êtres corporels et qu'ils appellent la science naturelle (la physique) offre le même défaut, car il n'y a rien de certain dans la conformité qu'ils prétendent exister entre les résultats intellectuels auxquels leurs définitions et raison- nements les ont conduits et ce qui est dans l'externe (l'objectif). En effet, ces résultats sont tous des jugements universaux de l'entende- ment, tandis que les êtres externes sont particuliers par leur matière (leur nature); or il se peut que dans la n)atière se trouve quelque chose qui empêche la conformité de l'intelligible universel avec l'ex- terne particulier. Exceptons toutefois les cas où cette conformité a pour elle le témoignage des sens, mais ici la preuve n'est pas fournie par le raisonnement, mais par l'observation. Où est donc la certitude

' Avicenne mourut l'an 428 de l'hégire ' Il faut lire y^^' à iaplace de y^j.»J

(1037 de J. C), à l'âge de cinquante sept (Voyez Coran, sour. xvi. vers. 8.) an». (Voyez Mélanget, etc. de M. Munk.) " Pour Ij, lisez _j.

�� �