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234 PROLÉGOMÈNES

relativement à l'âme humaine et au caractère de ses perceptions, surtout dans les songes, qui ont lieu pour tous les hommes. Ce qui est au-dessus de cela, tel que la nature de l'âme et ses attributs, est une matière si profonde, qu'il n'y a aucun moyen d'en prendre con- naissance.

Les philosophes les plus exacts ont bien reconnu cette vérité , puis- qu'ils ont déclaré que l'immatériel ne saurait être l'objet du raison- nement, vu qu'il est de règle que les prémisses d'im raisonnement (oti syllogisme) doivent être essentiellement vraies ^ Platon, le plus grand de tous, a dit qu'on ne peut rien apprendre de certain au sujet des choses divines (des êtres métaphysiques), et qu'on ne peut en parler que d'après des vraisemblances et des probabilités, c'est- à-dire d'après des suppositions. Or, puisque nous ne parvenons à former une supposition qu'à la suite d'un effort et d'un travail d'es- prit, et que la supposition qui paraît la plus probable nous suffit, de quelle utilité peuvent être ces sciences (métaphysiques) et leur étude ? Et nous aussi, nous voudrions obtenir la certitude en ce qui regarde les êtres qui sont au delà des sens, (certitude) dont l'acquisition, selon les mêmes philosophes, doit être le but vers lequel se dirigera la réflexion.

Leur opinion que le bonheur suprême se trouve dans la perception de l'être tel qu'il est réellement, et que cette perception s'opère par l'emploi du raisonnement, est fausse et doit être rejetée. Expliquons I'. 3ifi. cela. L'homme est composé de deux parties, dont l'une, Ja partie spirituelle, est mêlée avec l'autre, qui est la partie corporelle. Chacune de ces parties a des moyens de perception qui lui sont propres, mais il n'y a qu'une seule partie, la partie spirituelle, qui recueille ces deux classes de perceptions. Elle reçoit tantôt des perceptions spirituelles et tantôt des perceptions corporelles, obte- nant les premières par sa propre essence et sans intermédiaire, et les secondes au moyen des instruments du corps, savoir le cer-

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