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��PROLÉGOMÈNES

��à des recueils de logogryphes. Tels sont, par exemple, les soixante V. î3:. et dix traités de Djaber Ihn Haïyan, le Retba tel-Hakim de Maslema el-Madjrîti, les écrits de Toghraï et les poëmes si bien versifiés d'(lbn) el-Mogheïrebi. Après (s'être donné beaucoup de peine dans ces études), ils n'en retirent pas le moindre avantage. Je m'entretenais un jour, à ce sujet, avec mon professeur, le cheïkli Abou'I-Bcrekat el-Bel- fîki, un des docteurs les plus éminents de l'Espagne, et je lui plaçai sous les yeux un de ces traités alchimiques. 11 le parcourut assez longtemps, puis il me le rendit en disant : « Une chose dont je vous réponds, c'est que le (lecteur d'un tel ouvrage) rentrera chez lui bien désappointé. »

Parmi les alchimistes il s'en trouve qui s'occupent uniquement à frauder le public, soit ouvertement, soit secrètement. Dans le premier cas, ils appliquent sur (des bijoux) d'argent une mince couche d'or, ou bien ils prennent des objets en culvie et les recouvrent d'une couche (l'argent, ou bien encore ils forment un alliage des deux mé- taux, en la proportion d'une partie (d'argent à une partie d'or), ou de deux parties ou même de trois. Dans le second cas, ils altèrent l'aspect de certains métaux par un procédé artificiel; ainsi, par exemple, ils blanchissent le cuivre et l'amollissent au moyen du mer- cure sublimé, de sorte qu'il prend l'apparence d'un corps métallique semblable à l'argent. C'est là une fraude que personne n'est capable de reconnaître, excepte les essayeurs les plus habiles. Les gens qui se livrent à ce genre de tromperie trouvent dans leur art le moyen de fabriquer de la fausse monnaie pour la mettre en circulation. Ils la frappent au coin du sultan, afin de mieux tromper le public et de lui faire accroire que ces pièces sont de bon aloi. C'est là le plus vil de tous les métiers et celui qui a les suites les plus fatales pour les personnes qui s'y engagent. En efl'et, c'est voler l'argent du public, car celui qui le pratique donne du cuivre pour de fargent et de far- gent pour de l'or dans le but d'en faire son profit. Un tel homme est un voleur ou pire qu'un voleur. Chez nous, dans le Maghreb, les gens de cette espèce sont presque tou? des talcbs (étudiants en théologie

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