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258 PROLÉGOMÈNES

devient un fœtus; puis survient la naissance, puis l'allaitement, et ainsi de suite jusqu'au dernier terme de la série. Dans chaque phase, les parties (élémentaires) dont il se composait difféi'aient en quan- tité et en qualité', car autrement la première phase serait aussi la dernière. Il en est de même de la chaleur naturelle; elle varie dans chaque phase. Considérez encore l'or dans la mine; combien a-t-il dû traverser de phases, par combien de changements a-t-il dû passer dans l'espace de mille et quatre-vingts ans !

Voyez maintenant l'alchimiste : il doit imiter dans ses procédés l'action de la nature sur le minéral; il doit avoir soin de la suivre pas à pas, depuis le moment où il commence ses manipulations jus- qu'à ce qu'il les ait achevées. Or une des conditions nécessaires pour P. 237. l'exercice d'un art quelconque, c'est d'avoir une idée nette de la chose qu'on veut produire au moyen de cet art. Parmi les dictons qui ont cours à ce sujet chez les philosophes, il y en a un dont la teneur est celle-ci: Le commencement de l'acle est la fin de la réflexion, et la fin de la réjlexion est le commencement de l'acte^. L'alchimiste est donc obligé de se faire une idée nette de tous les nombreux états par lesquels l'or doit passer (pendant sa formation); il doit connaître la diversité des proportions (offertes par les éléments) dans chacun de ces états, les différences qui se présentent dans la chaleur naturelle à chaque changement de phase, et l'espace de temps que chaque phase doit durer. Il doit savoir, de plus, jusqu'à quel degré il doit multiplier les forces qu'il emploie pour suppléer à l'action du temps; sans cela il ne saurait imiter la marche suivie par la nature dans la formation des minéraux. (S'il travaille d'après l'autre théorie), il doit préparer une forme tempéramentale pour la portion de matière (qu'il va préparer), forme analogue à celle que le levain communique au pain et qui doit agir sur la matière (soumise au traitement alchimique) en raison de .ses forces et de sa masse.

' Littéral. • en quiddité. » Voyez ia a' partie, page ^72, où il ex-

L'auteur aurait dû écrire : et le com- plif|iie, d'une manière très-claire, la si- mencement de lu réf.ejcion est la fin de l'acte. gnification de celle maxime.

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