Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DIBN KHALDOUN. 261

parents ou à ses élèves: cette recette aurait circulé parmi les adeptes, et, comme l'expérience en aurait démontré l'exactitude, le procédé se serait répandu dans le monde, de sorte qu'il serait parvenu jus- qu'à nous ou à d'autres.

Ils disent que l'élixir peut être assimilé au levain, parce que c'est une matière composée (des quatre éléments) et ayant la faculté de convertir en sa propre substance les substances dans lesquelles ou l'introduit. A cela je réponds que le levain ' ne sert qu'à convertir la pâte en un aliment facile à digérer; son effet est donc de la cor- ruption'^. Or la corruption d'une matière s'effectue tiès-facilement, puisque le moindre acte, le moindre élément (étranger) y suffît; tandis que l'élixir est recherché dans le but de convertir un minéral en un autre appartenant à une classe plus noble et à un rang plus élevé. Donc son opération consiste en la formation (d'un être) et en son amélioration (ce qui est le contraire de la corruption). Mais, comme il est plus difficile de former que de corrompre, on ne saurait assimiler l'élixir au levain.

La vérité est que, si le grand œuvre existe réellement, ainsi que le prétendent les philosophes qui en ont traité, tels que Djaber Ibn Haiyan, Maslema Ibn Ahmed' el-Madjrîti et autres, on ne doit pas le regarder comme le produit d'uu art naturel, ni supposer qu'on peut en accomplir la formation au moyen d'un procédé artificiel. Au reste, leurs traités à ce sujet ne sont pas dans le genre des écrits consacrés à la physique; ils ont tout à fait la marche et la tournure des discours que ces deux auteurs tiennent au sujet de la magie et des manifestations surnaturelles comme celles dont El-Halladj * et d'autres avaient eu communication. Maslema a fait une déclaration

��' Pour y^^ji, lisez iiyvôil. ' li faut insérer ici, dans le texte arabe,

' L'aulcur s'appuie ici sur la doctrine les mots o-P'f j^, elles supprimer, ainsi

énoncée par Aristole, dans son Ifailé de que le mot (jovJifJi , dans l'avant-dernière

la génération et de la corruption. Selon ligne de la page.

lui, tout ce qui est produit doit se délé- * Voyez ci-devant, p. 1 13.

riorer et subir la corruption.

�� �