Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome III.djvu/317

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D'IBN KHAI.DOUN. 30r

Arabes pour passer entre les innins des non- Arabes, les membres fin nouveau gouvernement regardèrent les sciences religieuses comme des matières provenant de l'étranger, et n'eurent pour elles aucune consi- dération, précisément à cause de leur origine exotique. Ils en persé- cutèrent les professeurs, parce qu'ils les regardaient comme des gens mal disposés qui s'occupaient de cbo.ses dont aucun avantage ne pourrait résulter, ni pour l'Etat, ni pour l'administration. Nous avons déjà signalé ce fait dans le chapitre qui traite des offices et charges religieuses'. Ce que nous venons d'exposer ici montre pourquoi les hommes les plus versés dans la connaissance de la loi étaient presque tous des Persans'^.

Passons aux sciences inlellectuelles. Elles ne parurent chez les mu- sulmans qu'après l'époque où les savants et les auteurs de traités scientifiques eurent commencé à former une classe distincte (dans la société). L'enseignement de toutes les sciences devint alors un art spécial aux Persans, étant tout à fait négligé par les Arabes. Ceux-ci dédaignaient de l'exercer. Les seules personnes qui s'en chargèrent furent des Persans à qui (les grands seigneurs) montraient de la bien- veillance', fait dont nous avons déjà parlé*. Ils poursuivirent leurs travaux dans les grandes villes musulmanes, tant que la civilisation de la vie sédentaire se maintint chez eux, dans l'Irac, dans le Kho- raçan et dans la Transoxiane; mais, après la ruine de ces pays et la décadence de la civilisation qui les di>tinguait, ce qui est un des' moyens cachés dont Dieu se sert pour faire progresser les sciences et les arts, les Persans, s'étant laissés envahir par (la civilisation incom- P. ^-i. plète de) la vie nomade, perdirent tout le savoir qu'ils avaient acquis. Dès lors l'élude des sciences ne continua que dans certaines capitales où la civilisation sédentaire se maintenait encore.

Parmi les villes où celte civilisation s'est le mieux soutenue, il

' Voyez la i" parlie, p. 454- On n'y maire; l'auteur aurait dû écrire 'l*i ou

trouve pas, cependant, la moindre men- ..»»#• lion de persécutions. ' Je lis y»jJul

' Le mot UaE est une faule rie gram- * Voyez la i" partie, p. 374.

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