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D'IBN KHALDOUN. 347

composent parfailement en prose et en vers, vous trouverez des gens qui ne sauront pas employer correctement les désinences qui distin- guent Vagcnt du verbe de Yobjel de l'action, et le mot qui est au nomi- natif de celui qui est au génitif; enfin qui ignorent complètement toutes les règles de l'art de la syntaxe arabe. Cela nous montre évi- demment que la faculté dont nous parlons est tout à fait différente de la grammaire et n'a aucun besoin du secours de cet art.

On trouve quelquefois, il est vrai, parmi les hommes habiles dans Tari de la syntaxe, des personnes qui connaissent la vraie nature de cette faculté; mais cela est rare et n'est qu'un effet du hasard. Cela arrive le plus souvent aux personnes qui ont fait un grand usage du Livre de Sibaouaïh, parce que cet auteur ne s'est pas borné à ex- poser les règles de la syntaxe des désinences; il a rempli son traité de proverbes qui avaient cours parmi les Arabes, et d'exemples tirés de leurs poésies et de leurs façons de parler; aussi cet ouvrage renferme- t-il une masse considérable de matières qui peuvent aider à l'acqui- sition de cette faculté. Les personnes qui ont étudié assidûment ce livre et qui se le sont (pour ainsi dire) approprié, sont parvenues à posséder une partie considérable des locutions employées par les (anciens) Arabes; cela est disposé comme en magasin dans leur mé- moire, chaque chose à sa place et dans une case, de manière qu'on P. 3ii. puisse la retrouver au besoin. Cela leur a fait sentir la nature de cette faculté acquise; (le livre lui-même) fournit à ce sujet les ensei- gnements les plus complets, et est instructif au plus haut degré. Toutefois, parmi ceux mêmes qui font usage du traité de Sîbaouaïh, il y en a qui ne se sont pas aperçus de cela et qui ont acquis la connaissance de la langue, comme art, sans l'avoir acquise connue faculté. Quant à ceux qui font usage des écrits des grammairiens modernes, où l'on ne trouve que les règles sèches de la grammaire, dénuées de tout exemple emprunte aux poètes ou aux discours des (anciens) Arabes, il est bien rare, par cette raison, qu'ils sachent ce que c'est que cette faculté, et qu'ils fassent attention à son impor- tance. Vous remarquerez qu'ils croient être parvenus à un certain

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