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D'IBN KHALDOUN. 369

vu qu'elle s'adapte à cha(|ue combinaison particulière. L'entendement fait racquisilion de celte forme, en la détachant de l'être et de l'in- dividualité de chatjue phrase composée, et la travaille, dans l'imagi- nation, afm de la convertir en un moule, pour ainsi dire, ou en un métier. Knsuite il choisit des expressions dans lesquelles les mots se trouvent combinés d'une manière que les Arabes regarderaient comme étant sans défaut, tant sous le rapport de la syntaxe que sous celui de la rhétorique, et les coule dans ce moule, ainsi que fait le maçon qui moule (le pisé) et le tisserand qui travaille sur son métier. Ce moule doit être assez grand pour recevoir chaque phrase compo- sée qui puisse répondre au but du discours, et elle doit fournir une figure (ou tournure) qui n'offre aucun défaut, quand on la juge d'après le génie de la langue arabe.

Chaque genre de discours a des tournures qui lui sont propres et qui s'y présentent sous divers aspects. Dans la poésie, par exemple, on peut interroger directement les traces du campement abandonné (et leur demander où se trouve la tribu qui l'avait quitté). C'est ainsi qu'un poète a dit :

Demeure de Maiya I toi qui es située entre le haut de ia colline et son pied.

On peut aussi inviter ses compagnons de voyage à s'arrêter pour interroger ces traces; exemple:

Arrêtez-vous, mes deux compagnons! interrogeons 'la demeure dont les ha- bitants sont partis.

On peut inviter ses compagnons à pleurer sur le campement abandonné; exemple :

Arrêtez-vous, mes deux compagnons! pleurons au souvenir d'une bien-aimée et d'une demeure.

On peut demander une réponse à une personne qui nest pas au- trement indiquée; exemple :

N'as-tu pas interrogé les vestiges et n'ont-ils pas répondu i- P. 33i

Prolëgomènes. — m. i7

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