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376 PROLÉGOMÈNES

nures assignées à la poésie par les Arabes. Cette partie de notre dé- finition, ayant une marche réglée sur les formes que les Arabes y ont as- signées, sert à indiquer la différence, et marque la distinction entre la poésie des Arabes et celle des autres peuples. Si Ton admet que la poésie existe chez les peuples étrangers, cette distinction est né- cessaire; si on ne l'admet pas, elle devient inutile et doit être rem- placée par ces mots : ayant une marche réglée d'après les formes qu'on lui a assignées.

Ayant maintenant fini d'exposer le véritable caractère de la poésie, nous allons traiter de la manière dont elle doit s'exécuter. Pour com- poser en vers et pour bien posséder cet art, il faut remplir plusieurs conditions: d'abord, apprendre par cœur (beaucoup de morceaux) de cette espèce, c'est-à-dire de vers composés par les anciens Arabes, jusqu'à ce que l'âme ait acquis la faculté de tisser sur le même métier (qui avait servi à leur composition). Les passages qu'on doit confier à la mémoire doivent être choisis dans les pièces qui proviennent d'une source noble et pure et qui renferment beaucoup de tournures. En les choisissant, le moins qu'on puisse faire est de se borner aux productions d'un seul poète, mais il doit être un des grands poètes des temps islamiques, Ibn Abi Rebîa ', par exemple, ou bien Ko- theiyer'^, ou bien Dou r-Romma^, ou bien Djerîr*, ou bien Abou Nouas, ou bien Habib, ou bien Kl-Bohtori\ ou bien Er-Rida \

��' Omar Ibn Abi Hebîa traita ordinaire- menl les sujels erotiques. Il mourut à la guerre sainte, l'an gS (711-712 de J. C.)

  • Voyez la 1" partie, p. 4o4, n. 3.

Ghailan Ibn Ocba, surnommé Doa V-

Romma , mourut en 1 1 7 (735-736 de J. C).

  • Le poêle Djerîr mourut l'an 1 10(728-

729 de J. C).

' Al-Hacen Ibn Hani, surnommé y46ou Nouas, mourut vers l'an 196 de l'hégire (8n-8iadeJ. C).

' Abou Tcmmam Habib, poète mieux connu par sa compilation , le Uamaça , que

��par ses propres vers , mourut vers l'an 23 1 de l'hégire (845-846 deJ. C.)

' Le poêle Abou Eibâda el-Ouélid el- Bohtori mourut l'an 284 de l'hégire (897- 898 de J. G.)-

' Le cherif Aboa '1-Hacen Mohammed er-Rida, poëte très-distingué, naquit à Baghdad, l'an 359 (969-970 de J.C), et mourut l'an 4o6 (ioi5 de J. C). Il laissa un divan ou collection de poèmes dont j'ai vu un exemplaire à Constantinople, écrit, s'il faut en croire la suscriplion, par le célèbre calligraphe Ibn el-Baouvvab.

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