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D'IBN KHALDOUN. 31

cipes et qui contribuent aussi à former les bases de la jurispru- dence.

Cette branche des connaissances (humaines) prit son origine pos- térieurement à l'établissement de l'islamisme. Les premiers musul- mans purent s'en passer, car la connaissance de la langue, faculté qu'ils possédaient en perfection, leur suffisait pour reconnaître les divers sens exprimés par les mots. Ce fut d'eux qu'on tient la plupart P. >■• des règles qu'il fallait observer exactement quand on s'appliquait à (l'examen des textes afin d'en) tirer des décisions. Rien ne les obli- geait à étudier des isnads; ils étaient contemporains des personnes qui (les premières) avaient rapporté des traditions, ils les (voyaient fréquemment et les) connaissaient très-bien. Lorsque la première gé- nération des musulmans eut disparu du monde, on se vit obligé d'ac- quérir toutes ces connaissances par des moyens artificiels (l'étude et la pratique), ainsi que nous l'avons dit ailleurs, et, dès ce moment, les légistes et les modjtehcds ' se virent obligés d'apprendre les règles et les principes dont nous venons de parler, avant de pouvoir (se livrer à l'étude des textes afin d'en) tirer des jugements. Ils mirent donc ces règles par écrit et en formèrent une branche de science sui ge- neris, à laquelle ils donnèrent le nom de racines (ou bases) de la juris- prudence.

Ce fut Chafêl qui, le premier, composa un ouvrage sur ce sujet, ayant dicté (à ses élèves) le texte de l'opuscule célèbre dans lequel il traite des injonctions et des prohibitions, de l'expression des idées, des renseignements traditionnels, de l'abrogation (d'un texte par un autre) et de cette partie de la déduction analogique qui se rapporte aux dé- cisions motivées par des textes. Les jurisconsultes hanefites écrivirent ensuite sur ces matières, et entrèrent dans de longs détails afin de déterminer exactement les principes fondamentaux de la science. Les théologiens scolastiques écrivirent aussi sur ce sujet; mais les œuvres des légistes s'appliquent d'une manière plus spéciale à la jurisprudence

' Vojei ci-devant, p. 8.

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