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D'IBN KHALDOUN. 73

parie ante^ et comme rentrant tout à fait dans ia catégorie des autres attributs. D'après cette doctrine, le mot Coran désigne également {la parole) ancienne qui existe dans l'essence de Dieu et qui s'appelle la parole mentale, et la parole nouvelle^, qui consiste en des combi- naisons de lettres s'énonçant au moyen de sons. Quand on emploie le terme ancienne, on attribue au mot parole la première de ces deux significations, et quand on dit que cette parole peut se lire et s'en- tendre, on veut dire (qu'elle porte la seconde de ces significations et) que la lecture et l'écriture peuvent servir à la représenter.

L'imam Ahmed Ibn Hanbel évitait, par un scrupule de conscience, d'employer le terme nouvelle (pour désigner la parole qui se lit et qui s'entend), et cela pour la raison qu'on n'avait jamais ouï dire que les anciens musulmans s'en fussent servis dans ce sens. Sa répugnance, à cet égard, n'impliquait point qu'il regardât comme étemels les exemplaires du Coran écrits à la main et les textes coraniques qui s'énoncent au moyen de la langue; car il voyait parfaitement bien que ces exemplaires étaient nouveaux; elle provenait uniquement d'un excès de piété. Dans toute autre supposition, cela aurait été, de sa part, la négation d'un état de choses dont tout le monde devait né- cessairement reconnaître la réalité; et à Dieu ne plaise que cet imam fût capable (de montrer une telle faiblesse d'esprit).

Quant aux attributs de l'ouïe et de la vue, bien que leurs uonis fassent penser à la faculté perceptive exercée par certains organes du corps, ces mêmes noms s'emploient dans la langue (arabe) pour indiquer facte d'apercevoir ce qui peut être entendu ou vu. Cela suffit pour écarter l'idée d'imperfection que ces mots pourraient suggérer; d'ailleurs, les significations que nous venons d'indiquer appartiennent réellement à ces deux termes. Quant aux mots se poser, venir, descendre, visage, deux mains, deux yeux, etc. on évite

' Lillcral. « coiume ancien » ce/Ze sert à désigner ce qui n'esl pas éternel

' De même que chez les scolastiques, u parte ante, ce qui a eu un commence-

ic terme ancienne s'euiploie pour désigner nient , ce qui a été créé.

ce qui est éternel aparté ante, le mot nou-

Proiégomènes. — m. _ lo

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