Page:Ibsen - Ölaf Liljekrans, Le Tumulus, trad. Colleville Zepelin.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
LE TUMULUS


blanka

Et s’il en est ainsi,
Qui donc en est la cause ?

roderik

Moi, veux-tu dire ?

blanka

Certainement, toi…
Ne vis-tu pas toujours parmi ces héros de ta jeunesse
Dont tu partageas les dangers dans les neiges du Nord ?
Pourquoi le nier, chaque fois que tu rappelles
Les luttes et les batailles d’autrefois,
Le sang colore ton visage et ton œil brille ;
De nouveau tu es jeune, il me semble.

roderik

Cela est vrai, mais n’est-ce pas naturel,
A moi qui ai vécu de la même vie que ces guerriers.
Et tout ce que leur souvenir me rappelle
Ce sont les récits de ma propre saga.
Toi, au contraire, c’est dans le soleil
Que s’écoula toute ton enfance ;
Tu n’as jamais contemplé les montagnes d’hiver
Aux couleurs d’un bleu d’argent.
Tu n’as jamais entendu sonner l’oliphant,
Comment peux-tu donc te passionner
A mes récits.