d’entre eux prennent la vie gaiement, et qu’il règne au fond de leurs âmes une grande joie, calme et inconsciente.
Non, c’est faux. Cette joie est celle qu’on éprouve durant les longs jours d’été et que trouble le pressentiment des ténèbres prochaines. Il plane sur les joies humaines, comme la nue errante plane sur le fiord qu’elle obscurcit de son ombre. Tout à l’heure, la nappe bleue miroitait au soleil. Et soudain…
Tu ne devrais pas t’abandonner à ces tristes pensées. Tu étais à l’instant, si gaie, si animée.
Oui, oui, je l’étais. Oh ! c’est si bête. (Regardant autour d’elle, inquiète.) Et Wangel qui ne vient pas ! Il me l’avait promis. Il ne viendra pas. Il aura oublié. Mon cher Arnholm, vous seriez bien gentil de me l’amener ?
Très volontiers.
Dites-lui de venir de suite. Je ne le vois plus.