Page:Ibsen - Le Canard sauvage, Rosmersholm, trad. Prozor, 1893.djvu/136

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d’autres, malheureusement. Mais, quant à être une véritable union conjugale, non, elle ne l’est pas encore.

hialmar. — Tu n’as jamais songé aux droits de l’idéal, Relling ?

relling. — Des sornettes, mon garçon ! Mais excusez-moi, monsieur, si je vous demande combien de véritables unions conjugales vous avez vues dans votre vie. Voyons, là, en chiffre rond ?

grégoire. — À vrai dire, je ne crois pas en avoir vu une seule.

relling. — Ni moi non plus.

grégoire. — Mais j’en ai vu une infinité du genre opposé. Et j’ai eu l’occasion de voir de près ce qu’une telle union peut faire de ravages dans un couple humain.

hialmar. — Tout le fondement moral d’un homme peut s’écrouler sous ses pieds : voilà l’horreur !

relling. — Ma foi, comme, à proprement parler, je n’ai jamais été marié, il m’est impossible de me prononcer là-dessus. Mais ce que je sais, c’est que l’union conjugale comprend aussi l’enfant. Et, quant à l’enfant, vous devez le laisser en paix.

hialmar. — Hedwige, ma pauvre Hedwige !

relling. — Oui, vous aurez la bonté de ne pas mêler Hedwige à tout ça. Vous êtes mûrs tous les deux : vous pouvez fouiller et patauger dans vos