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THÉATRE

été un vrai père pour Régine, dans la mesure de mes forces, car je ne suis, hélas qu’un pauvre être infirme.

le pasteur. — Allons, allons, mon cher Engstrand.

engstrand. — Mais, cela, je puis bien le dire, que j’ai élevé l’enfant, que j’ai vécu en esprit d’amour avec feue Jeanne et que j’ai exercé l’autorité dans la maison, comme il est écrit. Et jamais il n’a pu m’entrer dans la tête d’aller trouver le pasteur Manders pour me vanter et faire parade de ce que, moi aussi, j’avais une fois fait une bonne action. Non, quand pareille chose arrive à Jacques Engstrand, il se tait et le garde pour lui. Malheureusement, cela n’arrive pas souvent, comme vous pensez, et quand je suis avec le pasteur Manders, j’ai, ma foi, assez de lui parler d’erreurs et d’infirmités. Car, je répète ce que je disais tout à l’heure, la conscience peut être en défaut de temps à autre.

le pasteur. — Donnez-moi votre main, Jacques Engstrand.

engstrand. — Ô bon Jésus ! monsieur le pasteur…

le pasteur. — Pas de façons. (Il lui serre la main.) Voilà !

engstrand. — Et si je venais maintenant demander pardon à monsieur le pasteur…