Aller au contenu

Page:Ibsen - Les Revenants, La Maison de poupée, trad. Prozor, 1892.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
LES REVENANTS

le pasteur. — Vous ? c’est moi, tout au contraire, qui vous dois des excuses.

engstrand. — Ah, pour cela, jamais !

le pasteur. — Mais oui. Et je vous les fais de tout mon cœur. Pardonnez-moi de vous avoir soupçonné et si je pouvais vous témoigner d’une façon ou d’une autre ma pleine confiance et mon entière bienveillance…

engstrand. — Vous feriez ça, monsieur le pasteur ?

le pasteur. — Avec le plus grand plaisir.

engstrand. — C’est que… vous en auriez l’occasion en ce moment même. Avec l’argent que j’ai pu mettre de côté ici, je veux fonder en ville un abri pour les marins.

madame alving. — Tiens !

engstrand. — Oui ; ce serait, comme qui dirait, une sorte d’asile. L’homme de mer est assailli par toutes les tentations possibles quand il vient à terre ! Mais, chez moi, dans la maison dont je vous parle, il se trouverait comme sous l’œil d’un père, voilà ce que j’ai pensé.

le pasteur. — Que dites-vous de cette idée, madame Alving ?

engstrand. — Je ne dispose pas de grand’chose, que Dieu me vienne en aide ; et si je trouvais une main bienfaisante…

le pasteur. — C’est bien, c’est bien ; il faudra